Intervention de Brigitte Bourguignon

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Bourguignon, présidente de la commission des affaires sociales :

« Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Cette citation de Jean Jaurès résume parfaitement l'attente des Français à notre égard sur le sujet qui nous réunit aujourd'hui, comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs : que nous fassions preuve de courage politique, de ce courage qui, par facilité ou parfois par tactique, s'est fait rare ces dernières décennies.

Mes chers collègues, sur un sujet aussi sensible, je crois que nous gagnerions à sortir des postures, des impostures et des slogans : l'immigration n'est ni une chance ni un fardeau pour notre pays ; c'est une réalité humaine que nous ne devons jamais perdre de vue car nous parlons de femmes, d'hommes, de familles, d'enfants isolés qui migrent pour fuir soit la persécution dont ils sont victimes, soit la misère sociale de leur pays. Et c'est une réalité humaine à laquelle nous allons être de plus en plus confrontés dans les prochaines décennies : les migrations vont se poursuivre et s'intensifier du fait de l'accroissement des inégalités mondiales, du réchauffement climatique et des instabilités dans certaines régions du globe. Il nous faut l'anticiper. C'est aussi une réalité humaine à laquelle on n'a pas su répondre avec efficacité, ni dans notre pays ni à l'échelle européenne, une réalité qui fait le lit de ceux qui prospèrent sur la haine et sur la peur, ajoutant bien plus de problèmes qu'ils ne proposent de solutions.

Or on ne peut plus se satisfaire de la multiplication des campements indignes, qui s'installent là où se concentrent déjà beaucoup de difficultés sociales, ni des conditions de mise à l'abri des mineurs isolés. Élue du Pas-de-Calais, j'ai été confrontée à ces situations indignes, confrontée aussi aux filières mettant chaque semaine en péril des familles en les plaçant sur des coquilles de noix pour rejoindre l'Eldorado : l'Angleterre.

Nous ne pouvons nous satisfaire non plus des délais, encore trop longs, d'examen des demandes d'asile et du manque d'effectivité des procédures de retour volontaire.

Enfin, nous ne pouvons nous satisfaire de notre politique d'intégration des réfugiés statutaires qui échoue à les intégrer.

Ces différents constats ont été développés par mes collègues précédemment et je pense que nous pouvons aisément les partager par-delà nos querelles partisanes, parce que le vrai débat est là. Il nous faut donc dorénavant mieux évaluer les politiques publiques en matière d'immigration, d'asile et d'intégration, et y apporter les correctifs nécessaires.

Monsieur le Premier ministre, vous avez présenté, avec Mme la ministre de la solidarité et de la santé et M. le ministre de l'intérieur, quelques orientations pertinentes à mon sens, autour de trois principes directeurs : l'efficacité, la fermeté et l'humanité. Je suis personnellement ouverte à ces réflexions, sans aucun tabou. Faire preuve de courage, c'est dire la vérité. Trop longtemps, les tenants du déni ont préféré faire l'autruche plutôt qu'aborder le sujet de l'immigration, jetant une partie de nos concitoyens, notamment les plus humbles, dans les bras du Front national.

1 commentaire :

Le 09/10/2019 à 20:17, Laïc1 a dit :

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La machine est lancée, vous aurez des difficultés à l'arrêter, d'autant plus que vous ne faites rien pour la laïcité et rien contre les ghettos urbains.

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