Pour autant, je ne souhaite pas verser dans la surenchère des incantations miracles qui résoudrait du jour au lendemain les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Nos concitoyens ne sont pas dupes, ils ont pris conscience que tout ne pouvait se résoudre à l'échelle nationale ; et personne ici ne peut avoir la prétention de dire la vérité sur un sujet ô combien complexe.
Partant de là, compte tenu de la prégnance du sujet aujourd'hui et demain, le Parlement doit s'emparer pleinement de la question de la politique migratoire. Pour ma part, je plaide pour la création d'un office parlementaire spécifique, à même de faire émerger des diagnostics partagés sur l'ensemble de nos bancs et sur la base desquels nous pourrions débattre. Cet office parlementaire aurait deux rôles : l'évaluation et l'anticipation. Composé de députés et sénateurs, de la majorité et de l'opposition, il reposerait sur un collège d'experts universitaires reconnus et proposerait un programme permanent de recherche et d'évaluation sur les politiques d'immigration et de citoyenneté afin d'éclairer le Parlement mais aussi nos concitoyens. Cet office pourrait également avoir la charge de la centralisation et de la communication des données statistiques relatives à l'immigration et à la présence des étrangers sur le sol français, limitant ainsi la défiance parfois exprimée à l'encontre des chiffres communiqués par l'administration.
Pour conclure, mes chers collègues, la politique migratoire est pour moi un sujet qui engage le destin de notre cohésion sociale et nationale. À ce titre, je suis convaincue qu'il nous appartient, à nous parlementaires, responsables politiques que nous sommes, d'en prendre notre part, d'avoir le courage de nous en saisir pleinement et avec discernement, et ainsi de réaliser le voeu que formulait à cette tribune Michel Rocard il y a près de trente ans : réconcilier la politique et la sagesse.