Vous me posez la question des lois et des moeurs – laquelle donne la direction à l'autre – et je me garderai bien de donner une réponse unilatérale à cette interrogation. Ce serait vraiment une mauvaise idée, par exemple, de vouloir que la politique s'adapte systématiquement à l'évolution des moeurs. Il faut savoir repérer dans les évolutions des moeurs celles qui suscitent des résistances assez fortes, même si ces évolutions peuvent devenir majoritaires ; mais je suis bien sûr d'accord avec les cas tels que la dépénalisation de l'adultère, initiative heureuse du législateur. En revanche, accorder des droits aux femmes dans les années 1970, c'était plutôt courir après des moeurs déjà devenues largement égalitaires. J'assume avec sérénité la position du philosophe : je viens simplement montrer que certains problèmes sont plus compliqués qu'il ne le semble et que des positions trop idéologiques sont trompeuses. Enfin, pourriez-vous préciser ce que vous me demandez par « qui sont les familles ? ».