Je pense que la famille, ce peut être le père, la mère, l'enfant ; ce peut être la mère, la mère, l'enfant ; ce peut être la mère et l'enfant ; ce peut être le père et l'enfant ; ce peut être également un couple qui n'a pas de projet parental. C'est ce que je suggérais en disant que certaines fonctions se rattachent assez aisément, statistiquement et majoritairement à la famille et qu'il n'est plus adapté de vouloir absolument choisir, par exemple, entre la procréation et la solidarité dans la vie commune. Je pense que ces deux titres suffisent pour que l'on puisse parler de famille. Certaines définitions de la famille imposent qu'il y ait un enfant ; je ne suis pas d'accord avec cette idée, non pas simplement par intuition mais parce que, me semble-t-il, vouloir absolument insister sur le critère de l'enfant, c'est oublier tout l'aspect matériel de vie commune, de tâches communes, de travail commun, de solidarité matérielle et morale, de soutien, de représentation de l'autre, etc. Tout cela fait partie de la famille.
Ensuite, si l'on va trop loin en ce sens, on pourrait demander : « Mais alors, quelle est la différence avec un colocataire dont je suis très ami et dont je m'occupe très bien ? ». C'est dire que si l'on s'engage trop dans la direction du soutien et de l'aide matérielle, on peut effectivement perdre la spécificité de la famille. C'est pourquoi, je l'ai dit, la définition de la famille pose un gros problème. Elle doit être large et accueillante et comprendre malgré tout l'alliance etou la filiation ; c'est ce qui permettra de distinguer un couple de deux colocataires. Toutefois, certains auteurs, dont une Canadienne, veulent désinstitutionnaliser le mariage et la famille, dissoudre la spécificité de la famille et en faire une communauté parmi d'autres, une association parmi d'autres. Mais il faut prendre garde à ce que l'on fait quand on touche à un critère que l'on considère comme important, voir ce que l'on perd et ce que l'on gagne.