Vous vous apprêtez à prendre la succession de M. Guillaume Pepy dans un contexte très chargé, au moment où la SNCF doit amorcer une série de virages à forts enjeux, tant pour son avenir que pour celui de ses salariés, notamment avec la fin du statut pour les nouveaux entrants et l'ouverture à la concurrence. Quel est votre plan d'action pour que ces changements se concrétisent dans les meilleures conditions d'ici le 1er janvier 2020 ?
Cette actualité ne doit cependant pas occulter les priorités que sont la desserte, la ponctualité, la sécurité et la qualité de service. Nos concitoyens nous font en effet trop souvent part de leur exaspération face aux divers dysfonctionnements de la SNCF. J'en suis moi-même très souvent victime.
Pour ne prendre qu'un exemple, il y a quelques jours, des administrés m'ont informé que le train du matin Caudry-Saint-Quentin avait été supprimé à la toute dernière minute. Ces mêmes usagers finissent par penser que la SNCF fait tout pour les décourager d'emprunter certaines dessertes afin de supprimer ces dernières au nom d'un manque de rentabilité. Comment réagissez-vous à une telle défiance ?
Quant au dossier des si mal nommées « petites lignes », que vous appelez « lignes de desserte fine du territoire », il me tient particulièrement à coeur, comme à beaucoup d'entre nous. On se souvient du rapport de M. Cyril Spinetta, qui avait jeté un coup de froid sur leur avenir, bien qu'elles soient essentielles au maillage de notre territoire. Si, à l'époque, le Gouvernement avait décidé de les conserver, leur devenir demeure malgré tout incertain, alors que nous attendons toujours le rapport de M. François Philizot.
Je tiens ici à saluer l'énergie avec laquelle la région Hauts-de-France traite ce dossier, en défendant pied à pied ces lignes pour relancer leur attractivité et leur fréquentation, ou en maintenant la pression, par la signature des conventions TER 2019-2024 pour le maintien de toutes les lignes et guichets, là où ils n'ont pas disparu.
En juillet, votre prédécesseur, M. Guillaume Pepy, avait préconisé d'organiser un débat public sur le rapport coût-efficacité de chacune de ces petites lignes. Seriez-vous partisan d'un tel dispositif ?
Par ailleurs, je n'arrive pas à comprendre que la SNCF, qui affirme vouloir être de plus en plus actrice de la transition écologique, puisse continuer à justifier la fermeture de lignes qui se verront remplacées par des cars ou des camions, ce qui induira une recrudescence de la pollution et des risques d'accident. À ce sujet, quid du traitement de la ligne de fret des primeurs Perpignan-Rungis ? Souhaitez-vous investir dans ce dossier pour essayer de sauver cette ligne ?
Quant aux trains de nuit, qui sont exploités avec efficacité dans plusieurs pays européens, la SNCF continuera-t-elle à tergiverser sur leur maintien ? Je me félicite que la députée européenne Mme Karima Delli, présidente de la commission des transports et du tourisme du Parlement européen, ait réaffirmé ici même la semaine dernière son souhait de remettre le développement de ces trains sur le devant de la scène européenne.
Enfin, je me fais à nouveau le porte-parole des usagers qui ont bien du mal à cerner et à accepter la politique tarifaire de la SNCF.
Pour conclure, je citerai la directrice du développement durable de la SNCF, qui déclarait il y a quelque temps que « prendre le train doit devenir un acte citoyen ». Je répondrai que nos concitoyens ne demandent que ça. Ils veulent prendre le train, mais dans de bonnes conditions, notamment à un coût en adéquation avec le service dont ils bénéficient.