Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mercredi 2 octobre 2019 à 15h05
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

On a lu dans la presse que la compétition a été rude pour savoir qui remplacerait M. Guillaume Pepy à la tête de la SNCF. Première déception, mon nom n'a pas été retenu, alors que j'avais fait acte de candidature. Mais quand on découvre votre profil, on comprend mieux ce choix : on y lit l'avenir de la SNCF.

Grâce à votre passage par sa filiale Keolis, vous avez toutes les compétences pour gérer l'ouverture à la concurrence, là où j'aurais plaidé pour une entreprise intégrée. Sur le volet social, votre principale mission consistera à en finir avec le statut des cheminots et leur régime de retraite, là où j'aurais plaidé pour un statut unique ferroviaire.

Mais, en tant que membres de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, nous avons à apprécier notamment vos propositions pour faire de la SNCF un outil au service de la transition écologique. Sur ce sujet, le site internet de la SNCF m'a considérablement rassuré puisqu'il présente « l'engagement d'un grand groupe pour la planète ». J'espère seulement qu'il s'agit bien de la nôtre !

On y apprend également avec joie, pour ceux qui n'étaient pas déjà au courant, que le fret ferroviaire pollue neuf fois moins que la route. Pourquoi alors le train des primeurs Perpignan-Rungis a-t-il été supprimé ? Il représente pourtant l'équivalent de 14 000 poids lourds, autant de véhicules supplémentaires qui sillonneront notre pays. Or le transport de marchandises alimentaires est le second poste à impacter l'empreinte carbone de notre alimentation, avec 30,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone émises, soit 19 % du total des émissions.

Je ne demande qu'à être persuadé des bienfaits de cette mesure pour la pollution de l'air, qui fait déjà plus de 48 000 morts par an en France. Le train des primeurs Perpignan-Rungis est un symbole parmi tant d'autres du naufrage du fret français depuis son ouverture à la concurrence en 2006, du fait non seulement d'un abandon de la SNCF et des pouvoirs publics, mais aussi de la concurrence interne, si je peux dire, des filiales routières de la SNCF telle Geodis.

À Bordeaux, dans ma circonscription, l'état d'urgence économique a été déclaré par plus de 1 000 entreprises girondines, qui souffrent de difficultés d'accessibilité du fait des bouchons qui engorgent la rocade. Les salariés perdent des heures dans les transports ; les entreprises ne sont plus livrées à temps. Sur cette même rocade, les camions défilent au rythme d'un par seconde et représentent 15 % du trafic. Les collectivités ont dépensé des centaines de millions d'euros pour passer à deux fois trois voies, avec pour seul résultat d'augmenter le nombre de voitures dans les bouchons. C'est ce que j'appelle un travail de visionnaire !

Pendant que tous les regards se tournent vers les goudronneuses, la gare de fret d'Ourcade est désertée, ses voies laissées à l'abandon, alors qu'elle présente une solution toute prête pour transporter les marchandises en train et diminuer le nombre de camions. Face à ce constat, monsieur le futur président, quelles sont les mesures que vous entendez prendre pendant votre mandat pour remplacer vos camions par des wagons ?

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