Comme il me reste beaucoup de temps, j'en profite.
J'entends l'argument qui consiste à défendre la durée de la réflexion : c'est la condition de la sagesse ; cela va de soi, le plus souvent. Mais ce n'est pas ce dont nous parlons ici. Nous parlons ici de la cadence à laquelle se succèdent des évolutions et des transformations radicales grâce à des procédés absolument nouveaux qui, un an auparavant, étaient parfois complètement inconnus. Nous sommes par conséquent dans un autre cadre et je veux, moi, plaider pour le cycle court.
Car l'évolution des inventions et des techniques est en proie à un phénomène maintenant parfaitement discernable : la précipitation de l'histoire. Si l'on rapporte l'histoire des inventions à une année entière, l'être humain apparaît le premier janvier, le soir, il a inventé les premiers outils puis il ne se passe strictement plus rien jusqu'au mois d'octobre, où l'on invente le feu ; enfin, tous les outils, tous les usages que nous en faisons, cela commence le 31 décembre aux alentours de vingt-trois heures, et l'invention de votre smartphone date de vingt-trois heures cinquante-neuf, c'est dire.