Le recours au temps législatif programmé décidé par la majorité pour faire adopter ce texte rapidement et tranquillement risque de lui revenir tel un boomerang. Quand on n'écoute pas l'autre – états généraux de la bioéthique, collectif des 2 000 médecins, Académie nationale de médecine, etc – , cet autre se sent méprisé, honni, inexistant, non respecté. Vous n'avez cessé de revendiquer un débat apaisé ; or vous avez fait exactement le contraire.
N'imaginez pas qu'une telle absence de respect de l'autre passera impunément dans la société. Vous en êtes responsables, et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-mêmes.
Vous n'avez répondu à aucune question. Tout désir a-t-il vocation à être assouvi ? Est-ce un progrès de créer des situations où les femmes élèvent seules un enfant ? Quid de l'utilité du père ? Quid du sens de la médecine ? Quid de la réduction de l'homme à ses gamètes, de la dignité de l'homme et de la procréation ? Doit-on faire tout ce qu'il est possible de faire ? L'embryon nous appartient-il au point que l'on puisse en faire ce que l'on veut ? Quid de la liberté, des limites humaines et de l'accompagnement de la souffrance ? S'agissant des sondages, quid des réponses qui sont dictées par les questions ?
Nous devons faire prévaloir le principe de précaution. Je demande la prudence quand il s'agit de l'homme ; faudrait-il que je demande l'inverse ?
Il existe des incohérences et des paradoxes dans votre texte. La filiation mère-mère supprime toutes les racines de l'homme. Vous refusez d'entendre ceux qui ont manqué d'un père, ceux qui sont aimés par leur père, ceux qui furent sauvés par leur père. Cette conquête de droits à l'infini satisfait des intérêts personnels, mais jamais l'intérêt supérieur de l'enfant n'est pris en considération.
L'Assemblée nationale asservit tranquillement, un peu plus encore, l'humain à la technique. La France, comme tant d'autres pays, n'a pas les ressources nécessaires pour résister à la mutation de la médecine et à la logique de production appliquée à l'humain. Ce qui fait ce soir la fierté de cette assemblée sera sans doute un motif de grande détresse demain.