« Il n'y aura plus de silence, plus de passe-droit, plus d'habitude sur le féminicide », twittait le Président de la République le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Oui, la parole doit se libérer. Oui, la peur, la culpabilité, la honte, l'isolement et la sanction doivent changer de camp. Cependant, les chiffres sont là pour nous rappeler qu'une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint, et un homme tous les dix-sept jours.
Ce fléau n'est ni acceptable, ni tolérable, ni supportable, et encore moins lorsque l'on apprend, une fois donné le dernier coup, irréparable, du conjoint violent, que dans un grand nombre de cas la victime avait signalé les violences dont elle faisait l'objet auprès des autorités.
Je suis d'autant plus ému en abordant ce sujet que l'un de ces meurtres s'est produit pas très loin de chez moi, en Balagne, en mars dernier, dans ma circonscription. Le meurtre de Julie Douib, comme celui de toutes les autres – la liste est trop longue : Savannah, Johanna… – , ont ému la société insulaire tout entière et touché la République en plein coeur. Toutes ces femmes mortes parce que l'on n'a « pas vu », « pas su » ou « pas pu » nous imposent d'agir vite et collectivement.
Mes chers collègues, l'une des qualités dont doivent faire preuve les femmes et les hommes politiques est l'honnêteté intellectuelle. Reconnaissons que nous ne sommes pas les seuls à détenir la solution et que la victoire sur l'infâme ne viendra pas d'une seule formation politique : elle ne pourra être que collective.
Vous avez su, monsieur le rapporteur, travailler dans un esprit transpartisan, pénétré, comme nous tous, du sentiment des responsabilités qui sont les nôtres. Comme vous l'avez dit, le sujet est trop sérieux pour que nous nous fourvoyions dans des postures, des calculs politiciens ou des compromissions.
Cette proposition de loi est le miroir de notre prise de conscience de l'urgence qu'il y a à trouver des solutions efficaces et pérennes, des solutions immédiates, qui devront s'inscrire dans un texte de loi à venir, bâti à partir des conclusions du Grenelle.
Il devra prévoir notamment la présence de policiers et de gendarmes spécialisés dans chaque commissariat et gendarmerie, assurer un accompagnement psychologique et social des victimes, et, pourquoi pas, créer un procès-verbal dédié aux violences conjugales, comme je l'ai proposé en commission.
La secrétaire d'État chargée de la question a pris à bras-le-corps le sujet des violences conjugales, et je salue la large concertation qu'elle a engagée avec les associations, qui font un travail formidable, ainsi qu'avec les élus. J'ai moi-même participé à deux réunions dans le cadre du Grenelle.
Mes chers collègues, le groupe Libertés et territoires est favorable à la proposition de loi de notre collègue Aurélien Pradié, car elle nous donne l'opportunité d'agir dans l'attente des conclusions du Grenelle. Les hésitations et les atermoiements doivent cesser.