Je voterai avec beaucoup de coeur le texte que vous nous proposez, monsieur le rapporteur.
Madame la garde des sceaux, je combats avec constance le Président de la République et le gouvernement auquel vous appartenez. Mais je veux ici, au vu du texte qui nous réunit aujourd'hui, reconnaître votre courage et celui de votre gouvernement à ouvrir le débat sur quelques-uns des sujets les plus douloureux, et parfois même les plus terrifiants de notre temps. Celui-ci en est un. Il est brûlant.
J'ai toujours été très impressionné par la longue histoire des femmes, par leur longue route pour gagner ce qui aurait dû couler de source depuis la nuit des temps, c'est-à-dire leur égalité avec les hommes. J'ai toujours été très marqué par le fait qu'il ait fallu attendre 1945 pour que les femmes obtiennent le droit de vote.
Pourtant, quand je me penche sur mon enfance, et même encore dans ma vie d'adulte, je vois combien le rôle de maman était important au foyer ; j'avais toujours le sentiment que c'était elle qui, in fine, décidait. Il en était également ainsi de ma grand-mère et des mères et des grands-mères qui m'entouraient. Il était possible que ce fût aussi le cas en d'autres lieux. Mais ce dont nous parlons aujourd'hui n'est pas nouveau non plus, et répéter tous la même chose, ce n'est pas forcément enrichir le débat.
Je vais donc dire combien je suis frappé devant l'immense perte d'estime que l'homme se porte à lui-même, ou plus exactement qu'il porte au genre humain. Depuis longtemps, sinon jamais, nous n'avons été aussi méfiants les uns à l'égard des autres. Le moindre regard, le moindre geste, le moindre signe, peut-être être mal interprété. Et je dois dire que cela me préoccupe. Voir tant d'hommes et de femmes préférer la compagnie d'un chien ou d'un chat à celle de tout autre être m'interpelle.
Mon attitude a fait que j'ai fréquemment été amené, même très jeune, à recueillir des confidences. J'ai souvent tenté d'aller au bout des graves problèmes qui m'étaient confiés, …