Intervention de Mathilde Panot

Réunion du lundi 7 octobre 2019 à 21h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Aux yeux du groupe La France Insoumise (FI), ce budget ne diffère guère des précédents. Il suit le même principe directeur qui guide votre action gouvernementale depuis ses débuts : détruire l'État. Votre détestation pour la puissance publique n'a d'égale que votre passion fraternelle et aimante pour les plus riches de ce pays. Oui, vous détestez l'État à proportion de votre amour des riches ! Passe encore, d'ailleurs, si tout cela n'était qu'affaire de passions et d'égarements sentimentaux. Mais détruire l'État à l'heure de l'urgence écologique, c'est se priver des moyens d'action essentiels à la planification écologique. Détruire l'État aujourd'hui, c'est se priver immédiatement d'avenir. Mme Ségolène Royal ferait mieux d'appeler à réprimer vos ardeurs libérales et désordonnées qu'à la violence contre le mouvement Extinction Rebellion, qui nous honore en posant avec force la nécessité de la lutte contre la société de consommation que vous défendez bec et ongles.

D'ici à 2022, le ministère de la transition écologique et solidaire va perdre près de 5 000 emplois, soit 10 % de ses effectifs. La palme d'or de la destruction d'emplois depuis cinq ans, tous ministères confondus, revient à celui de l'écologie. Mme la ministre de la transition écologique et solidaire mériterait une médaille pour échouer à ce point à défendre son ministère, mettant en péril, non seulement la possibilité même de politiques à la hauteur des enjeux d'atténuation et d'adaptation liés au changement climatique, mais aussi le rôle crucial de contrôle qui échoit aux autorités environnementales. Faire mieux avec moins, ça n'existe que dans la tête de technocrates n'ayant qu'une vision comptable et ignorants de la réalité concrète du travail d'intérêt collectif mené par les services de l'État.

Concrètement, ce « faire mieux avec moins » a pour noms l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris et l'incendie de Lubrizol à Rouen. Cessez d'appeler hasard ou accident le résultat de politiques systématiques de destruction de l'État ! Depuis dix ans, les inspections de sites classés Seveso seuil haut ont baissé de 40 %. À Lubrizol, une extension a été validée par la préfecture sans aucune étude d'impact environnemental. Comment pouvez-vous, sans honte, détester les effets dont vous chérissez les causes, selon les mots de Bossuet ? Nous n'en pouvons plus de cette hypocrisie !

Revenez donc au principe fondamental du droit : il n'y a pas de loi sans la force pour la faire appliquer. Des normes sans inspecteurs, ce sont des bouts de papier ou des textes en ligne coincés sur internet et sans effet aucun. Si vous voulez que les normes soient respectées, il faut des inspecteurs, des experts, des ingénieurs. Bref, il faut que la puissance de l'État soit manifeste.

Votre budget est donc dangereux pour l'environnement et notre santé, et inconséquent au regard de l'enjeu écologique présent. En 2017 comme en 2018, le Gouvernement ne respecte pas les objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre : + 6,7 % en 2017 et + 4,5 % en 2018. Pourquoi irions-nous applaudir des politiques dont l'échec est patent ? Pourquoi ne pas interdire immédiatement le projet délirant d'artificialisation des sols à Europa City ? Pourquoi continuer dans cette folie du libre-échange qui organise la circulation toujours plus grande de marchandises toujours plus inutiles ?

Pourquoi ? Eh bien, laissez-moi finir par là où j'ai commencé, car votre politique est d'une circularité navrante. Parce que vous n'êtes pas là pour faire la politique du peuple, la politique de notre avenir ! Car vous ne servez que les riches aujourd'hui, sans aucune considération pour des lendemains qui, plus vous continuez et plus vous vous acharnez dans vos erreurs, risquent fort d'être silencieux.

Les pollueurs doivent payer et, parmi eux, les plus pollueurs, vos amis. L'État doit assumer son rôle à ce moment de l'histoire de France et de la civilisation humaine : il doit organiser notre résistance au changement climatique. Et cette résistance suppose, fondamentalement, le projet d'une alternative au capitalisme et à ses serviteurs.

Vous aurez beau essayer de faire taire par la force les décrocheurs de portraits du Président de la République, les opposants à Bure et les jeunes pour le climat, ils continueront à manifester, non pas en Pologne, mais contre votre Gouvernement et votre politique.

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