Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du jeudi 3 octobre 2019 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Je crois que mon propos introductif répondait à plusieurs des questions qui m'ont été posées, mais je vais apporter quelques éléments complémentaires.

Madame Genetet, vous voulez que je fasse davantage connaître mon ministère. Votre réflexion est assez juste et je pense effectivement qu'il faut changer l'image du Quai d'Orsay. Cela étant, je crois qu'elle est déjà en train de changer. Les interlocuteurs que je rencontre et qui sont en contact avec nos ambassades et nos services à l'étranger ont une image très positive du Quai d'Orsay : ils soulignent la disponibilité des personnels, ainsi que la qualité du travail des ambassadeurs et leur engagement au service de la France. C'est au niveau national, en interne, qu'il reste des efforts à faire : nous devons mieux faire connaître le Quai d'Orsay au niveau national, en expliquant par exemple le rôle du centre de crise et de soutien, qui veille à la sécurité des Français et peut les rapatrier. Il faut également mettre en avant notre action consulaire, pour montrer que l'action du Quai d'Orsay est aussi au service des Français sur le territoire national. Je pense que c'est le manque de communication sur ces sujets qui explique notre déficit d'image. Mais je répète que tous ceux qui sont en contact avec nos postes à l'étranger ont une image très positive de l'action du Quai d'Orsay.

Ma décision de créer le Collège des hautes études de l'Institut diplomatique s'inscrit pleinement dans cette stratégie de revalorisation de notre image. Ce Collège, dont je vous avais peut-être annoncé la création l'année dernière, fonctionne désormais. Il vise à donner une plus grande aura au Quai d'Orsay et à son action. J'ai inauguré ce collège il y a quelques jours et sa première promotion vient de se constituer. Il n'aura peut-être pas la même renommée que l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) mais il a vocation, comme lui, à faire connaître l'action du Quai d'Orsay auprès d'un public aussi varié que possible. Les professions représentées dans cette première promotion, qui compte une soixantaine de membres, sont très diverses et reflètent la variété de la société civile, puisque s'y côtoient des parlementaires, des journalistes, des industriels et des responsables syndicaux. Ils découvrent ce qu'est le métier de diplomate, loin de l'image traditionnelle des petits fours de l'ambassadeur.

Il importe aussi de faire comprendre à tous que les grands enjeux mondiaux concernent à la fois l'international et le national : je pense à l'enjeu climatique, mais aussi au fait qu'une crise survenue loin de chez nous peut avoir des répercussions au niveau national, et pas seulement par le biais du terrorisme. C'est un travail important, qu'il nous faudra mener collectivement. Madame Genetet, vous avez assisté à la conférence des ambassadeurs : vous avez pu constater l'enthousiasme des ambassadeurs et leur volonté d'agir pour l'intérêt national et pour l'image du Quai d'Orsay. Vous dites que cette image est dévalorisée, mais vous reconnaissez aussi – contrairement à l'opposition, qui est dans son rôle – que nous nous sommes battus pour défendre notre budget et que celui-ci est en augmentation, comme l'année dernière. Cela montre qu'on nous respecte tout de même un peu.

Je voudrais dire un mot du rapport d'information du Sénat sur la masse salariale du Quai d'Orsay, même si je serai amené à répondre plus précisément à ses auteurs. Vous dites qu'il s'agit d'un rapport au vitriol : je nuancerai cette formule. En réalité, certains constats sont justes, et nous y travaillons. C'est par exemple le cas de l'indemnité de résidence à l'étranger (IRE) : il est certain que le dispositif doit être revu et qu'il faut le rendre plus équitable, pour que les catégories C en bénéficient davantage. Mais certaines des informations contenues dans ce rapport sont fausses, et certains partis pris sont contestables. Par exemple, s'agissant de l'évaluation du personnel, pourquoi le rapport ne prend-il en compte que les diplomates, et non l'ensemble des personnels liés au Quai d'Orsay ? Sur la question de l'IRE, pourquoi n'est-il question que des diplomates, et pas des bénéficiaires de l'IRE dans d'autres ministères ?

Madame Poletti, vous m'avez interrogé sur les FSPI : nous étions à 24 millions en 2018 et à 36 millions en 2019 – 24 millions, auxquels nous avons ajouté 12 millions en gestion renforcée. En 2020, nous en serons à 60 millions. Il n'y a donc pas de baisse.

Nous n'aurons les chiffres de l'OCDE, pour l'année 2019, qu'en mars 2020, mais vous ne pouvez pas dire tout et son contraire. L'année dernière, vous me disiez que ce qui comptait, c'étaient les CP, et pas les AE, et cette année, vous reconnaissez que les CP ont augmenté, mais vous regrettez qu'il n'y ait plus assez d'AE. J'essaie de tenir compte de vos remarques, mais ne me demandez pas de résoudre la quadrature du cercle ! Mon expérience de parlementaire m'a appris que l'essentiel, ce sont les CP, et que les entourloupes, ce sont toujours les AE.

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