Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du jeudi 3 octobre 2019 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Je ne vais pas aller plus loin, d'autant que nous ne sommes pas à huis clos. Je crois avoir tout dit, monsieur Teissier.

Monsieur Berville, l'aide humanitaire bénéficie de 158 millions d'euros grâce à une augmentation de plus de 100 millions d'euros. Jamais la France, dans son histoire, n'a mobilisé dans son budget une telle somme pour l'aide humanitaire, qu'on se le dise ! Elle nous permet d'intervenir dans les cas d'urgence humanitaire, comme dans le nord-est de la Syrie – l'année dernière, dans le nord-ouest. Elle est aussi consacrée à l'aide alimentaire, notamment aux programmes destinés à apprendre aux populations à produire elles-mêmes. Elle nourrit en outre les contributions aux organisations internationales intervenant dans le domaine humanitaire, qu'il s'agisse du HCR, de l'OIM, de l'UNRWA – Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient –, ou de l'UNICEF – Fonds des Nations unies pour l'enfance. La ventilation de ces crédits sera précisée au début de l'année 2020.

Quant à la commission indépendante d'évaluation, je suis favorable à son principe. Ce dispositif sera intégré dans la loi à venir car il est absolument indispensable que nous disposions de cet outil de vérification.

Enfin, je ne vois pas où sont les 23 millions d'euros dont vous parlez pour la contribution volontaire aux Nations unies.

Monsieur Julien-Laferrière, sachez que je veille particulièrement à la concrétisation de nos engagements financiers. Autant que faire se peut, dans chacun de mes déplacements, je demande à voir lorsque des efforts importants ont été faits. Je me rends prochainement au Mali et je vérifierai comment ont été mobilisés les fonds consacrés à l'Alliance Sahel. Avec l'AFD, nous avons lancé plusieurs projets dans la région dite des trois frontières, en particulier pour les services de base – eau, assainissement, réseau électrique. Nous avons également initié des actions en faveur de l'insertion économique et sociale des jeunes autour du lac Tchad et de l'agro-pastoralisme au Burkina Faso.

Je vous suggère lors de vos déplacements de procéder à de telles vérifications. L'enjeu principal est le délai de mise en oeuvre. Nous avons conçu l'Alliance Sahel comme un dispositif rapide, identifiable et efficace, loin des projets s'étalant sur plusieurs années abondés par une succession d'AE s'inscrivant dans la durée.

Monsieur Quentin, vous avez raison de souligner la complexité des tâches des secrétaires généraux d'ambassade : ils ont été confrontés à un surcroît de travail pour mettre en oeuvre la réforme des réseaux de l'État à l'étranger et je salue leur efficacité. Leur charge de travail commence à s'alléger. Pour ceux qui sont amenés à cumuler des fonctions de consul et de régisseur, nous avons commencé à dédoubler les postes. C'est déjà le cas à Kaboul, Khartoum et Doha et nous poursuivons cette démarche ailleurs. Je serai heureux de lire le rapport que vous rédigerez dans le cadre de votre mission flash. Il permettra de saisir comment la cohérence voulue par cette réforme se traduit concrètement.

Je ne crois pas qu'il y aura de difficultés au niveau interministériel car le pragmatisme l'emportera. Évidemment, lorsque nous avons engagé ce processus, les autres ministères n'étaient pas très chauds. Toutefois, grande nouvelle, les attachés d'armement ont décidé de rejoindre la réforme à partir de 2020 – non parce que j'étais ministre de la défense mais parce qu'ils se rendent compte que cela peut être dans leur intérêt. Tout cela me paraît plutôt positif. Vous vous demandez pourquoi nous n'avons pas procédé à une plus large mutualisation. C'est une vraie question pour l'avenir. Je dirai qu'à chaque jour suffit sa peine.

Madame Lenne, lors du prochain conseil interministériel du tourisme, nous mettrons en avant les enjeux attachés au tourisme de montagne. Le tourisme en France va plutôt bien : nous recevons près de 90 millions de visiteurs par an contre 83 millions après les attentats, et les marges de progression sont significatives. Nous avons diminué modérément la contribution budgétaire d'Atout France, qui dispose de ressources complémentaires et qui a noué des partenariats, notamment avec les collectivités territoriales. J'ai le sentiment que ses responsables mènent cette mutation de manière très positive et que cette structure fonctionne bien. Nous allons lancer dans deux pays une expérimentation de rapprochement entre Atout France et Business France pour améliorer la synergie entre les deux opérateurs qui s'occupent tous deux de l'attractivité de notre pays. Atout France entretiendrait des liens plus étroits avec Business France dans les pays où cet opérateur est moins présent.

Madame Clapot, lors de mon discours de clôture de la conférence des ambassadeurs, j'ai demandé au secrétaire général un plan pour la parité et l'égalité qui sera préparé et mis en oeuvre par la haute fonctionnaire chargée de l'égalité au ministère. Le nombre d'ambassadrices a augmenté – elles sont quarante-six contre vingt-quatre en 2012 – mais cette progression n'est pas suffisante. Pour assurer des promotions équilibrées parmi les cadres supérieurs, il faut prendre en compte la parité dans les nominations dès le début de carrière. J'ai parlé de « diplomatie féministe » et je reste attaché à ce concept. Soyez assurée de notre volonté de traduire concrètement cet engagement.

Vous évoquiez aussi la cybersécurité. Lors de ma récente audition devant vos collègues de la commission de la défense, j'ai expliqué que cette thématique renvoyait à trois choses différentes qui supposent une réflexion commune : la cybersécurité en elle-même, la cyberdéfense et l'Appel de Paris ; les liens entre internet et le terrorisme, la diffusion des messages de haine, l'appel de Christchurch lancé par le Président de la République avec la Première ministre néo-zélandaise après les attentats, qui a été repris à New York la semaine dernière ; la manipulation de l'information, dans la continuité de l'initiative lancée par Reporters sans frontières. J'ai suggéré qu'une réunion spécifique, à huis clos, y soit consacrée et je vous fais la même proposition. M. Henri Verdier, ambassadeur du numérique, pourrait y assister. Nous allons renforcer les moyens consacrés à ces enjeux cruciaux.

Monsieur Herbillon, j'ai rappelé dans mon discours aux ambassadeurs nos priorités : l'Europe, l'influence et le multilatéralisme. L'influence est un sujet que vous connaissez bien et sa prise en compte est manifeste dans le présent budget. Pour le multilatéralisme, j'estime que la mobilisation va dans le bon sens. Quant aux questions européennes, nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler ici, compte tenu de l'importance des échéances qui s'y rapportent.

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