Non, ce n'est pas faux et je vous invite à vérifier : vous trouverez l'information dans votre propre projet de loi de finances et, bientôt, dans mon rapport.
En somme, on demande d'en faire toujours plus avec toujours moins de gens et d'argent. Cela n'est évidemment pas sans conséquences. On pouvait se demander pendant un temps quelles répercussions ces milliards en moins ici ou là ont concrètement sur la vie des Français, mais l'exemple récent de Lubrizol permet d'en faire une rapide démonstration.
La direction générale de la prévention des risques voit ses effectifs et ceux de ses opérateurs historiques diminuer depuis des années. Selon l'adjoint au directeur général, les contrôles annuels ont été divisés par deux en quinze ans ; il estime qu'il manque 200 inspecteurs – là encore, vous pouvez vérifier ses propos dans les rapports.
Les sites sont donc de moins en moins contrôlés : à partir de l'année prochaine, puisqu'il y aura encore moins d'équivalents temps plein, ils ont choisi – je les comprends – de considérer les établissements dits Seveso comme prioritaires, ce qui conduira à ne plus contrôler les stations-service et à contrôler moins les autres sites.
Le bureau d'analyse des risques et pollutions industriels du ministère de la transition écologique et solidaire a estimé que le nombre d'accidents industriels a augmenté de 34 % entre 2016 et 2018. Si vous ne voyez pas la corrélation entre ce chiffre et la diminution des contrôles des établissements à risques, nous ne parlons pas la même langue.
Le budget pour 2020 n'est donc pas seulement insuffisant ou très injuste : il est dangereux, inquiétant, et absurde économiquement et écologiquement.
Je voudrais parler macroéconomie deux minutes. Les taux d'intérêt sont aujourd'hui très bas, même négatifs : c'est le moment idéal pour investir. C'est une mesure de bon sens, favorable à l'intérêt général sur le long terme, même les économistes les plus libéraux s'accordent à le dire.