Redresserez-vous les finances publiques dans les deux budgets suivants, 2021 et 2022 ? Nous le savons tous, messieurs les ministres : pour ceux qui seront encore là, les économies seront de plus en plus difficiles au fur et à mesure que l'on s'approchera des échéances électorales… Bref, vous avez renoncé à redresser les finances publiques.
Ces renoncements sont d'autant plus risqués que le contexte international est incertain. Il est vrai que les hypothèses macroéconomiques présentées dans ce projet de loi de finances sont plausibles, comme l'indique le Haut Conseil des finances publiques ; mais un certain nombre de risques persistent, et le Haut Conseil, d'ailleurs, les rappelle.
Le problème, c'est que vous ne vous laissez aucune marge de manoeuvre dans l'hypothèse d'un ralentissement plus important de la croissance, dans un contexte mondial, je le redis, instable. Les nuages s'amoncellent, qu'il s'agisse du prix du baril de pétrole, dont plus personne ne sait comment il va évoluer, des taux d'intérêt, qui continuent de baisser alors que tout le monde pensait l'année dernière qu'ils allaient remonter – et vos hypothèses, sur ce point, sont très prudentes – , de l'incertitude qui règne au sujet du Brexit, qui sera peut-être dur ou ne sera peut-être pas du tout, ou encore de la démultilatéralisation des échanges internationaux.
Cet environnement dégradé risque de rompre l'équilibre de ce budget, lorsqu'il s'agira de l'exécuter, monsieur le ministre. Je ne saurais donc trop vous exhorter, comme l'an passé, à fournir un plus grand effort sur la dépense publique. À l'heure où des tensions commerciales pourraient bien faire flancher la croissance, le manque d'effort sur la dépense sera votre faiblesse en cas de fort ralentissement de l'activité économique.
Nous sommes, mes chers collègues, sur un baril de poudre, et non pas de pétrole.