Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 15 octobre 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Attitude de la france vis à vis de l'offensive turque en syrie

Edouard Philippe, Premier ministre :

Comme vous, monsieur le président Mélenchon, j'ai fait part tout à l'heure de la condamnation – qui n'est pas seulement la mienne ni la vôtre mais celle de la France – de cette attaque et de l'incursion turque en Syrie. Comme vous et comme d'autres l'ont déjà dit sur ces bancs, je partage l'indignation suscitée par le sort réservé à nos amis et alliés, qui ont participé – et de quelle façon ! – à la lutte contre Daech pendant toutes ces années où nous faisions partie d'une coalition internationale.

Vous m'avez posé plusieurs questions. Avons-nous convoqué l'Ambassadeur de Turquie pour faire état de notre position et lui demander des explications ? Oui, l'Ambassadeur de Turquie a été convoqué par le Quai d'Orsay ; il appartiendra au ministre de vous rendre compte de la teneur de ces échanges et je ne doute pas qu'il le fera à ce micro dès que possible.

J'ai également dit à l'instant, dans cette enceinte, que le Président de la République lui-même avait eu un contact téléphonique avec le président Erdogan et qu'il avait fait état de la position de la France. Il va de soi qu'il ne m'appartient pas, monsieur le président Mélenchon, de faire part des détails de cette discussion mais, en évoquant ces deux faits, je veux dire que la France ne se contente pas de déplorer ou de condamner dans son coin ; elle dit à la Turquie et à son président son désaccord fondamental avec sa décision d'entrer en Syrie, de déstabiliser le combat mené depuis cinq ans contre Daech ainsi que ceux qui ont été nos alliés dans cette lutte, et de faire peser sur l'ensemble de la région une menace sécuritaire et terroriste tout à fait considérable.

Vous avez soulevé la question des conseillers civils et militaires français présents dans le nord-est syrien. Je vous confirme en effet qu'il se trouve quelques conseillers civils et militaires dans le nord-est syrien, mais leur nombre ne permettait pas – et n'a jamais été pensé pour permettre – de résister à un tel mouvement militaire turc déployant tant de moyens vers le sud, à destination de la Syrie. Je commencerai par les remercier pour la qualité du travail qu'ils ont effectué. Surtout, nous devons garantir leur sécurité dans une phase militaire, alors qu'ils sont proches de la frontière. C'est ce à quoi nous nous attelons, et je peux attester du fait que c'est la politique du pays.

Votre troisième question porte sur l'attitude éventuelle que nous devrions avoir vis-à-vis du régime syrien, voire – mais peut-être ai-je mal compris le sens de votre question – l'éventuel soutien que nous pourrions lui apporter dès lors que des accords auraient été conclus avec les Kurdes. Il n'en est rien. Nous ne voulons pas – et je ne crois pas que vous le vouliez davantage – entrer en guerre avec la Turquie. Nous ne voulons pas mener une opération militaire qui exigerait le déploiement de milliers de personnes au sol pour faire face à cette agression.

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