Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 15 octobre 2019 à 15h00
Hommage à la mémoire de patricia gallerneau

Edouard Philippe, Premier ministre :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mesdames et messieurs les députés, le président Ferrand l'a dit, nous rendons aujourd'hui hommage à Patricia Gallerneau, avec une émotion qui s'étend bien au-delà des bancs sur lesquels elle siégeait. J'adresse toutes mes pensées à son mari, à ses fils, à sa mère, que je sais présente parmi nous. J'imagine leur peine – mais j'espère qu'au-delà de cette peine, ils éprouvent une immense fierté, une fierté justifiée par l'engagement qui fut celui de Patricia Gallerneau, au service de sa circonscription, la deuxième circonscription de Vendée, et au service de son pays, la France.

Patricia Gallerneau incarnait avec d'autres le très large renouvellement de cette assemblée depuis 2017. Elle offrait à la représentation nationale un visage passionné : le visage d'une femme aux convictions solides, très accessible, qui allait au-devant de ses concitoyens ; une femme qui adorait la politique dans ce qu'elle a de plus noble et désintéressée, le service des autres, la défense d'idées, la défense de causes qui peuvent changer la vie de nos concitoyens.

Elle avait grandi à Paris, puis à Dieppe et Casablanca, où s'était peut-être forgée son ouverture aux autres et au monde. Son adolescence angevine s'était achevée par des études de lettres qui aiguisèrent sans doute sa sensibilité humaniste. Le goût de l'indépendance et le service de l'État prirent ensuite pour elle la forme du concours de contrôleur des impôts, qui la ramena à Paris, puis, à sa demande, à Nantes. Elle y rencontrera son mari, Marc Gallerneau, qu'elle suivit à Pornichet, puis en Vendée. Elle y devint une mère de famille rieuse et bienveillante, nous disent ses fils. Son engagement associatif contre la corruption ou la maltraitance animale précéda son engagement politique, d'abord en tant que conseillère municipale du socialiste Jacques Lambert à Pornichet, de 1995 à 1999, puis en tant que conseillère régionale des Pays de la Loire, de 2015 à 2018.

D'abord chez les Verts, puis au MODEM, elle fut toujours une adepte du dialogue et de l'apaisement. En juin 2017, après son élection à l'Assemblée nationale, elle réussit le tour de force de se faire apprécier en quelques semaines par tous ses interlocuteurs, notamment par ses adversaires politiques. Inlassablement, elle voulait être la porte-parole du Président de la République en Vendée et la porte-parole des Vendéens auprès du Président de la République. Elle y mit toute son énergie, tout son talent, notamment pour défendre l'environnement et le soutien aux plus faibles. On nous dit qu'elle ne supportait pas la souffrance, même celle d'un adversaire politique vaincu. Quant à la transition écologique, elle y contribua activement au sein de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale.

La Vendée était donc devenue sa terre d'adoption, sa terre de coeur. Elle était fière de son dynamisme industriel, fière de son écosystème d'entrepreneurs performants. Elle avait noué des liens d'amitié forts avec de nombreux maires ruraux, dont elle admirait profondément le travail. Elle aimait la Vendée, mais son attachement à la Bretagne n'était pas moins profond, car sa famille maternelle venait de Plozévet, dans ce pays bigouden où l'on a l'âme chevillée au corps. Elle aimait l'authenticité, les légendes, les danses, l'histoire de cette civilisation de la terre que décrit Pierre-Jakez Hélias dans Le Cheval d'orgueil – c'était d'ailleurs son livre préféré.

Pour paraphraser ce texte, dans le cadre de cet hommage que nous lui rendons aujourd'hui, il me semble que nous pourrions dire de Patricia Gallerneau que, par sa gentillesse et la sincérité de son engagement, elle « décourageait l'ingratitude. On ne sait pas de quelle argile [elle] était faite, mais [elle] avait une telle sérénité dans la droiture qu'on aurait juré qu'elle ne lui coûtait rien. » Si ces propos n'ont pas été écrits pour elle, mais pour le grand-père de l'auteur de ce livre, ils lui vont bien.

Cette « sérénité dans la droiture », mesdames et messieurs, vous savez combien elle peut coûter, quand nos concitoyens la mettent en doute – parfois, violemment ; mais cette sérénité passionnée et souriante dans la droiture, c'est l'exemple que Patricia Gallerneau nous laisse aujourd'hui en héritage. J'espère que nous continuerons à nous en inspirer, car c'est ce qui nous rendra fiers de servir nos concitoyens.

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