Intervention de Victoria Vanneau

Réunion du mardi 1er octobre 2019 à 19h15
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Victoria Vanneau, docteure en droit, ingénieure de recherche au CNRS, responsable du suivi scientifique de la mission de recherche Droit et Justice :

S'agissant du terme « féminicide », ou « fémicide », , je trouve qu'il serait maladroit de retenir ce terme pour désigner les violences conjugales. Il est vrai que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'ONU distinguent un féminicide intime qui permettrait de le raccrocher aux violences conjugales, mais le féminicide, apparu dans les années 1980, renvoie plutôt à des crimes de masse. C'est notamment ce qui s'est passé au Mexique autour de Ciudad Juárez. C'est vraiment le fait de tuer une femme parce qu'elle est une femme. Le raccrocher à l'optique des violences conjugales, cela voudrait dire que le mari tue sa femme parce que c'est sa femme, sa chose. Je pense qu'il y a plus que cela ; ce sont des rapports de domination très clairs. Le fait de catégoriser le féminicide et de l'inclure dans les violences conjugales me paraîtrait donc un peu gênant.

S'il fallait vraiment créer une catégorie, nous pourrions reprendre le terme des anciens rédacteurs et parler de « conjuguicide ». Là, nous sommes vraiment dans le meurtre du conjoint. C'est un peu l'homicide conjugal, mais nous avions l'idée de conjugalité.

Il est vrai, statistiquement parlant, qu'il y a plus de femmes victimes de violences conjugales, mais si nous retenions le terme de féminicide, pour les hommes, quel terme faudrait-il employer ? Comment va-t-on nommer les violences exercées par une épouse ou une compagne sur son partenaire ? Quel mot utiliser ? C'est cela qui me gêne.

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