Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mardi 8 octobre 2019 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Monsieur le Premier président, les Français tombent trop souvent malades, se soignent trop longtemps et partent trop tôt à la retraite : c'est un peu le sens de votre rapport sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale.

En gardien de l'orthodoxie budgétaire, vous êtes dans votre rôle quand vous demandez de faire des économies. Mais faire des économies n'est pas un projet politique. Ici, faire des économies, c'est moins rembourser les soins, et moins longtemps, moins indemniser les malades et repousser l'âge de départ à la retraite.

En défenseurs de l'intérêt général, nous sommes dans notre rôle, en vous disant que ce n'est pas la direction que nous devons prendre. En effet, monsieur le Premier président, si votre rapport se concentre sur le coût budgétaire des soins, le groupe La France insoumise s'attache, lui, à analyser le coût social de l'absence de soins, de l'abandon d'une partie grandissante de la population. Combien coûte le malheur, monsieur le Premier président ? Chaque année, près d'un Français sur deux déclare désormais renoncer aux soins pour des raisons financières.

C'est la raison pour laquelle nous sommes, comme certains de nos collègues, favorables à la suppression de l'ONDAM, cet indicateur sur la base duquel le Gouvernement impose une nouvelle cure d'austérité de 4 milliards d'euros à notre sécurité sociale : 4 milliards d'euros en moins pour les soins aux plus fragiles, pour les hôpitaux ; 4 milliards d'euros en moins pour les EHPAD, les structures d'accueil, les enfants en situation de handicap. Pourtant, les alertes sont nombreuses. Pour les comprendre, il faut rencontrer ces personnels soignants qui sont en grève depuis des mois pour réclamer de meilleures conditions d'accueil à l'hôpital, ou être dans la rue, comme aujourd'hui, avec ces salariés et ces retraités qui sont mobilisés pour demander plus de moyens dans les EHPAD.

Toutefois, vous avez raison, monsieur le Premier président, de souligner que le déséquilibre financier de notre système de protection sociale est dû avant tout à la décision de l'État de ne pas compenser les exonérations de cotisations sociales. L'État fait payer aux assurés le coût de ses décisions politiques, il se permet de les culpabiliser et n'assume pas ses choix. Il s'agit sans aucun doute d'une astuce pour préparer le terrain à la prochaine réforme des retraites. Vous auriez pu rappeler aussi le fléau de la fraude patronale aux cotisations sociales, qui représente 7 à 9 milliards d'euros chaque année. S'y attaquer paraît bien plus utile que la traque aux prétendus fraudeurs de prestations sociales ou à la chasse aux économies de bouts de chandelles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.