Madame la ministre, je regrette que vous jouiez si strictement la partition de M. Darmanin. Vous connaissez pourtant la situation : en dix ans, 50 000 lits, soit 13 % de ceux qui existaient, ont été supprimés et les salaires ont été gelés, comme l'a dit notamment M. Dharréville. Le salaire des infirmières françaises se situe ainsi au vingt-sixième rang sur vingt-neuf pays de l'OCDE, et jamais les budgets n'ont été bien corrélés avec la hausse de la charge. De fait, tandis que la charge augmentait de 4 %, les budgets n'augmentaient que de 2,4 %. Ce n'est pas tenable.
Les besoins des usagers évoluent aussi, comme vous l'avez dit tout à l'heure, avec le développement des maladies chroniques. Vous avez demandé quel pays pouvait se permettre d'augmenter ainsi ses dépenses de santé, mais il se trouve que vous êtes ministre de la santé, et non pas du budget : quels sont les objectifs politiques qui doivent définir la trajectoire ? Le budget n'est pas le principe premier auquel il faudrait ensuite adapter tout le reste à coups de rabot. La question est de savoir de quoi nous avons réellement besoin. Si vous avez besoin, ensuite, que nous fassions preuve d'inventivité pour trouver des ressources, faites-nous confiance : croyez bien que nous saurons faire, comme l'a dit M. Dharréville, même si cela nous prend un peu de temps.
Se pose également la question de la démographie et de son évolution, qui est aussi l'une des raisons de l'augmentation de la charge. Très souvent, en effet, bien que l'espérance de vie en bonne santé stagne dans notre pays, on a le sentiment qu'il faudrait déplorer que l'espérance de vie augmente : cette augmentation pose en effet des problèmes tant pour le financement des retraites qu'en termes de santé – les gens vivant plus longtemps, les maladies chroniques se développent, ce qui coûte à l'hôpital. Quel dommage ! Oui, ça coûte, en effet, mais il serait préférable de nous réjouir que l'on vive plus vieux.
Mieux vaut donc commencer par nous demander de quoi nous avons besoin et adapter les budgets à ces besoins, plutôt que l'inverse. Ce ne devrait donc pas être à vous, madame la ministre, de vous adapter au budget, mais l'inverse.