L'échelon de manoeuvre de l'opération Sentinelle peut être engagé dans des événements programmés au moins un mois à l'avance. L'idée est de planifier son engagement. Ainsi, les soldats n'ont pas à être mis en alerte. Ils conduisent leurs normales activités au quartier et se préparent spécifiquement à être engagés dans la protection des événements planifiés. La vraie difficulté tient à la détermination de la taille de cet échelon. Plus le ministère de l'Intérieur planifiera et plus nous serons capables de fournir un échelon de manoeuvre important. Plus réduite sera la planification, plus l'échelon de manoeuvre sera réduit, moins nous aurons de liberté d'action et d'économie de moyens, et moins nous serons en mesure de concentrer les efforts le moment venu.
Monsieur Blanchet, j'ai suivi de près la question de contre-terrorisme maritime lorsque j'étais en fonction à l'hôtel Matignon ; des exercices avaient eu lieu avec l'amiral Ausseur, préfet maritime de Cherbourg. On ne peut multiplier les moyens affectés à Cherbourg ; cependant, en cas d'attaque terroriste en mer, on recourrait aux moyens nationaux en alerte. Si une intervention était nécessaire, les primo-intervenants seraient les moyens de la marine positionnés à Cherbourg, auxquels s'ajouteraient très rapidement, les gendarmes du GIGN avec les moyens considérables du groupe interarmées d'hélicoptères (GIH). Nous nous entraînons à coordonner l'ensemble de ces moyens au cours des exercices et je peux vous assurer que dès le déclenchement de l'alerte, avant même que l'hélicoptère à disposition du préfet maritime ait décollé, les moyens nationaux sont mis en alerte. La menace est prise très au sérieux par les armées et le Gouvernement.
Mme Trastour-Isnart a mentionné les manoeuvres ZAPAD-2017, il est vrai que les chiffres concernant le volume des troupes russes et biélorusses ayant participé à cet exercice ne sont pas anecdotiques. L'OTAN est, pour sa part, fort active, surtout depuis l'installation de la force de présence avancée renforcée dite Enhanced Forward Presence à laquelle la France participe actuellement au sein d'un bataillon franco-britannique. Le président de la République a confirmé que nous serions à nouveau engagés, cette fois dans un bataillon germano-polono-français. Nous prenons au sérieux et de façon mesurée la nécessité de contrôler ce qui se passe à l'Est de l'Europe. Nous prenons tout autant au sérieux notre rôle au sein de l'OTAN, dont nous sommes, je le redis, l'un des principaux membres et l'un des plus crédibles.
L'Union européenne doit effectivement s'investir au Sahel, Monsieur Pueyo, mais elle le fait déjà beaucoup dans les missions de formation, par exemple au Mali. Vous devez, Mesdames et Messieurs les commissaires, vous faire nos ambassadeurs auprès de l'ensemble des parlementaires et de nos concitoyens pour expliquer qu'une opération militaire telle que Barkhane ne peut être que très longue. Il est naturel que l'opinion publique s'impatiente, mais je puis témoigner d'expérience que pour reconstruire une armée telle que l'armée malienne et les appareils de sécurité, dix ans au moins seront nécessaires, et peut-être quinze. Il est beaucoup plus facile de détruire un appareil militaire que de le reconstruire. C'est pourquoi nous devons veiller collectivement à ce que notre armée soit préservée le mieux possible ; l'exemple britannique doit à ce titre nous interpeller...
En matière de cyberdéfense, Monsieur Trompille, il est de ma responsabilité que les armées protègent leurs propres réseaux, et qu'elles développent aussi des moyens de lutte informatique parce que c'est une arme du champ de bataille. En revanche, la coordination de la cyber-protection au niveau interministériel relève de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI).