Je relisais les notes que j'avais prises à l'occasion d'une rencontre avec les personnels de l'hôpital psychiatrique de ma circonscription, à Martigues, il y a quelques semaines. J'ai été de nouveau frappé par la gravité de la situation qui m'a été décrite, laquelle résulte de nombreuses années de sous-investissement dans la psychiatrie en France. Lorsqu'on apprend qu'il y a eu plus de suicides chez les patients passés par cet hôpital en un an que sur les dix dernières années, lorsqu'on entend des soignants vous dire qu'ils ont des difficultés pour accueillir la souffrance de l'autre – dans un hôpital psychiatrique ! – , on ne peut, en effet, que mesurer la gravité de la situation.
Une liste m'a été dressée de tous les manques, qu'ils concernent le matériel ou la gestion des personnels, lesquels rencontrent, en raison de la pénurie actuelle, des problèmes en cascade qui pèsent sur leur quotidien et donc sur leur moral. Il convient également de noter le mésusage, notamment des chambres d'isolement – M. Lurton a évoqué à l'instant la question de l'enfermement. Ce qui est au coeur, c'est l'humain ; l'enjeu, c'est une psychiatrie humaine : la relation est nécessaire au soin. Lorsqu'elle est empêchée ou, du moins, atténuée, c'est au soin que l'on porte atteinte.
La psychiatrie connaît une crise profonde dans notre pays, que nos collègues Martine Wonner et Caroline Fiat ont décrite dans leur rapport, que je salue. Nous avons encore beaucoup de travail à fournir pour relever les défis et répondre aux différentes exigences, notamment à la première qui est évoquée par les personnels, à savoir l'exigence de moyens. Je ne lirai pas toute la liste qu'ils m'ont dressée – vous me couperiez la parole avant que je l'aie terminée, madame la présidente – , mais les besoins supplémentaires en personnels sont parmi les premiers cités. Je vous ai écrit, madame la ministre, pour vous la communiquer.