Intervention de Général Philippe Lavigne

Réunion du jeudi 10 octobre 2019 à 9h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Philippe Lavigne, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, il y a un an, je vous présentais mon projet pour l'armée de l'air, baptisé « plan de vol ». Je vous faisais part de mon enthousiasme à prendre les commandes de l'armée de l'air dans une période très favorable, pleine de perspectives, que nous n'avions pas connue depuis des années. Un an plus tard, mon enthousiasme reste entier. Le « plan de vol » se déroule conformément aux prévisions. Cette année a été marquée par de belles réalisations opérationnelles et capacitaires, et vous en avez évoqué certaines, sur lesquelles je reviendrai.

Mais cette année 2019 a été marquée tragiquement par la perte du commandant Baptiste Chirié et de la capitaine Audrey Michelon à bord de leur Mirage 2000D, dans le Jura, le 9 janvier 2019. J'ai une pensée pour eux et pour leurs familles. Ils sont allés jusqu'au bout de leur engagement au service de la France. Cela nous rappelle toute l'importance de l'entraînement, réalisé dans des conditions aussi proches que possible de la réalité et l'importance de la sécurité aérienne, pour moi deux sujets d'attention permanente. Ils constituent le fil rouge de mes priorités pour 2020, que j'exposerai dans la seconde partie de mon propos.

Ces priorités s'inscrivent dans un nouveau contexte géopolitique et militaire qui nous incite à développer de nouvelles stratégies adaptées à de nouveaux champs de confrontation. Comme le rappelait Mme la ministre, il y a quelques jours, le projet de loi de finances (PLF) pour 2020 va nous permettre de poursuivre la remontée en puissance de l'armée de l'air, afin que nous continuions à assurer notre mission première, immuable, de protection des Français.

Revenons d'abord sur cette année 2019, belle année pour l'armée de l'air, marquée par le franchissement de jalons structurants sur des enjeux majeurs.

L'armée de l'air est, encore en 2019, au rendez-vous des opérations. Elle a la capacité de conduire l'intégralité du spectre des missions dans la troisième dimension grâce aux 3 000 aviateurs, 90 aéronefs engagés en permanence en missions opérationnelles sur les théâtres extérieurs (en Afrique, au Levant et ailleurs), sur le territoire national (au travers de la police du ciel et de la dissuasion) ou en tant que forces de souveraineté et de présence (comme en Guyane et à Djibouti).

Tout d'abord, l'armée de l'air participe à la protection du théâtre national, en particulier de l'espace aérien et des points d'intérêt vitaux que sont les bases aériennes et les centrales nucléaires. A l'heure où le trafic aérien se densifie considérablement – quelques 12 000 aéronefs transitent chaque jour dans l'espace aérien français –, à l'heure où les petits vecteurs de type drones se multiplient, comme nous l'avons vu sur l'aéroport de Gatwick, en décembre 2018, ou de Francfort, en 2019, à l'heure où les avions à long rayon d'action russes descendent de plus en plus régulièrement le long de nos côtes, la capacité à détecter, à identifier, voire engager, est primordiale.

La posture permanente de sûreté aérienne assure la défense du territoire contre toute menace aérienne avec une grande réactivité. Au premier semestre 2019, l'armée de l'air a réalisé 140 décollages sur alerte pour assister ou contraindre des aéronefs en difficulté ou en infraction. Elle a conduit cinq dispositifs particuliers de sûreté aérienne sur des événements majeurs tels que le D-Day en juin, le salon du Bourget ou le G7, mettant en oeuvre une combinaison de moyens « air » allant du commandement et du contrôle – radar, AWACS – à l'alerte en vol - Rafale, Fennec, PC21 –, en passant par la défense sol-air et le renseignement, avec les Reaper, par exemple, toujours en lien avec les forces de sécurité intérieure. Ce type de dispositif en couches préfigure le combat collaboratif connecté sur lequel je reviendrai.

L'armée de l'air participe également à la mission de dissuasion au travers de la composante nucléaire aéroportée, tous les jours depuis 20 000 jours. Depuis 1964, les forces aériennes stratégiques (FAS), appuyées par l'ensemble des forces, réalisent des manoeuvres de montée en puissance, de démonstration, de tests de l'ensemble de la chaîne de commandement. L'année 2019 a vu l'arrivée du deuxième MRTT Phénix, un tir d'évaluation des forces (d'un missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA) sans charge nucléaire tiré par un Rafale au large de la côte atlantique). La dissuasion aéroportée repose désormais sur le couple RafaleASMPA-MRTT, MRTT (dont la première capacité opérationnelle nucléaire (PCO) a été officiellement déclarée le 3 octobre). Et, comme vous l'avez rappelé, l'armée de l'air a célébré, le 4 octobre, les 20 000 jours d'alerte sans interruption de la dissuasion nucléaire aéroportée française.

Dans le cadre de la fonction intervention, l'armée de l'air est présente de la bande sahélo-saharienne jusqu'au Levant en passant par l'Europe depuis 2014. Dans l'opération Barkhane, nous déployons un éventail complet de capacités : renseignement, surveillance, aérotransport, largage. Nous nous appuyons sur des bases aériennes projetées, à Niamey et N'Djamena, qui constituent de véritables systèmes de commandement modulaires et réactifs. Dans cette zone grande comme l'Europe, la mobilité aérienne joue un rôle central. Capable de mener une opération en autonome, comme en février 2019, à la demande du président tchadien, où sept Mirage 200D, appuyés par un Reaper, un avion léger de surveillance et de reconnaissance (ALSR) et trois C-135, ont stoppé l'avancée d'une colonne de rebelles en provenance de Libye, l'armée de l'air s'insère également dans des dispositifs interarmées et interalliés, comme l'illustre l'opération Ocelot en juillet 2019 où trois Mirage 2000, un C-135, deux Reaper, un américain et un français, deux hélicoptères de combat Tigre, une section de commando, deux ALSR ont neutralisé un dispositif de véhicules et de personnels armés ennemis. Cet exemple démontre la cohérence du dispositif français en interarmées et en coopération multinationale.

Dans le cadre de l'opération Chammal, la composante aérienne supporte l'effort majeur de la France au travers d'un large éventail de missions, du renseignement à la frappe, en passant par la défense aérienne, dans un milieu très complexe. Face à du déni d'accès, à des forces en présence de haut niveau, le dispositif montre ici toute l'efficacité du choix du Rafale, avion qualifié d'omni-rôle. Il démontre aussi toute la pertinence de la base aérienne projetée en Jordanie et de la coopération interalliée, car nous travaillons aux côtés de nos alliés, notamment allemands, avec leurs capacités chasse et ravitaillement en vol.

Si l'armée de l'air a joué un rôle déterminant dans la défaite territoriale de Daech, le combat n'est pas pour autant terminé. Une nouvelle période, incertaine, a débuté, où se mêlent de nombreux acteurs. Daech a basculé en mode insurrectionnel, retranché dans les déserts, où l'arme aérienne conserve toute sa pertinence.

Les succès en opérations sont rendus possibles grâce à la modernisation des équipements. Il y a un an, je vous annonçais des perspectives de régénération et de modernisation offertes par le PLF pour 2019. Au bilan, ont été livrés, en 2019, les derniers PC-21, à Cognac, un A400M, le premier KC-130J, deux drones Reaper, un deuxième MRTT, cinq radars, à Évreux, Cazaux et Lyon-Mont Verdun, un C-130 modernisé. Sur le Rafale, la première capacité opérationnelle du standard F3-R sera déclarée en novembre 2019. J'attends, et vous l'attendez également, l'armement des drones qui devrait intervenir en fin d'année. J'attends également la commande des dix derniers kits de rénovation du Mirage 2000D.

Par ailleurs, je n'oublie pas les aviateurs, vraie richesse de notre système de combat. Après une déflation conséquente, de 30 %, de ses effectifs, entre 2008 et 2016, notre format croît de nouveau. J'ai eu la chance et le bonheur d'accueillir 99 postes supplémentaires en 2019. Je reviendrai sur le sujet des ressources humaines, qui est l'une de mes priorités pour l'année à venir.

Je ferai néanmoins un focus sur un sujet qui me tient à coeur, la connexion entre l'armée de l'air et la jeunesse comme je l'avais inscrit dans mon « plan de vol ». En 2019, cinq escadrilles air jeunesse ont été créées, à Salon-de-Provence, Évreux, Luxeuil, Dijon et Nancy. Sans se substituer à d'autres dispositifs existants, elles ont pour but de développer les liens avec la jeunesse au travers de l'aéronautique, des valeurs de l'aviateur, son histoire et ses traditions.

Pour clôturer ce bilan de 2019, je ne peux passer sous silence les jalons structurants que nous avons franchis sur des sujets qui comptent parmi les priorités du ministère des armées : le 17 juin 2019, signature au Bourget de l'accord de coopération franco-allemand-espagnol, dans le cadre du programme système de combat aérien du futur (SCAF), jusqu'en 2030, et, le 3 septembre 2019, création du commandement de l'espace au sein de l'armée de l'air. Je reviendrai sur ces sujets qui font partie de mes priorités pour 2020.

Ces décisions majeures sont motivées par les mutations de la guerre que nous devons intégrer, car elles influeront sur nos besoins opérationnels et nos stratégies d'action. C'était la thématique de l'université d'été 2019 de la défense à laquelle j'ai eu le plaisir de vous accueillir, sur la base aérienne 702 d'Avord, les 12 et 13 septembre derniers.

Ces mutations sont de deux natures. Certaines sont liées à l'environnement : le trafic aérien se congestionne et la multiplication des aéronefs et des drones pourrait menacer notre souveraineté. D'autres procèdent du développement de stratégies de contestation de nos adversaires, après trente ans d'hyperpuissance occidentale : fugacité, ambiguïté, ruptures technologiques (armes à énergie dirigée, miniaturisation, hyper-vélocité, furtivité - la Chine a ainsi dévoilé, la semaine dernière, lors de son 70e anniversaire, son nouveau drone furtif et supersonique de reconnaissance), prolifération de moyens de déni d'accès (chasseurs de sixième génération, armes supersoniques ou multi-cibles, émergence de systèmes de détection lointains et discrets). L'espace exo-atmosphérique fait aussi l'objet d'une contestation croissante.

La supériorité aérienne, donc opérationnelle, est désormais contestée.

L'armée de l'air au service des opérations doit donc s'adapter et prendre en compte ces nouveaux champs de confrontation.

En conséquence, j'ai défini cinq priorités pour 2020.

La première est la protection de l'espace aérien et des sites sensibles, enjeu de souveraineté pour la France, pour lequel l'armée de l'air dispose d'expertises et doit développer des capacités encore peu explorées.

La deuxième priorité concerne l'espace - priorité portée au plus haut niveau et confiée à l'armée de l'air en juillet dernier.

Le système de combat aérien du futur est la troisième priorité, programme en coopération conçu pour répondre à l'évolution des menaces que j'ai évoquées et à l'accélération du tempo des ruptures technologiques.

Un autre enjeu pour l'armée de l'air est d'atteindre un niveau d'activité cohérent avec les missions confiées au regard de ses effectifs et de ses moyens. En 2019, l'activité des pilotes est restée en deçà des normes de l'OTAN, conformément aux prévisions. Un des leviers de cette remontée est bien sûr le maintien en condition opérationnelle des équipements, qui est ma quatrième priorité.

Ma cinquième priorité, ce sont les aviateurs, moteurs de notre armée de l'air, sans qui rien ne serait possible et pour lesquels je dois mettre en place des leviers innovants de fidélisation.

Revenons sur les mesures que j'ai élaborées pour répondre à chacune de ces priorités.

Concernant la protection de l'espace aérien et des sites sensibles, je vois deux enjeux pour l'armée de l'air.

La mise en place du successeur du système de commandement de conduite des opérations aériennes, au travers du programme otanien de système de commandement et de contrôle aérien (ACCS), est une nécessité pour assurer la continuité des missions de surveillance aérienne générale, de posture permanente de sûreté aérienne et de conduite des opérations aériennes, à l'échelle de la France mais aussi de l'OTAN. Il en va de notre souveraineté en Europe. Ce programme, développé par Thales, a connu des difficultés. 2020 sera une année clé pour en décider la poursuite.

Le second enjeu est la lutte anti-drones, pour laquelle l'armée de l'air dispose déjà d'un niveau d'expertise, d'équipements spécifiques de détection et de brouillage acquis et expérimentés en 2019, en complément du programme « moyens mobiles de lutte anti-drones » (Milad) actuellement en expérimentation à Mont-de-Marsan. Nous nous employons à compléter cette expertise grâce à un partenariat avec Aéroports de Paris et l'agence de l'innovation de défense (AID).

Je tiens au passage à remercier MM. les députés Ferrara et Lejeune pour leur rapport sur l'action aérospatiale de « l'État en l'air » dont je partage les conclusions. La lutte anti-drones est un enjeu stratégique piloté par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) dans lequel l'armée de l'air a légitimement une place à tenir.

S'agissant de l'espace, notre ambition est d'opérer grâce à l'espace mais aussi depuis l'espace. Cette priorité portée au plus haut niveau s'est traduite, le 25 juillet, par l'annonce de la ministre des armées de la création du commandement de l'espace (CDE) placé sous l'autorité de l'armée de l'air. Il répond au besoin d'anticiper les ruptures technologiques que nous entrevoyons, en nous dotant d'une doctrine des opérations dans l'espace.

Un nouveau programme à effet majeur nommé « maîtrise de l'espace » va être lancé. Il intégrera deux volets : la surveillance – nous le faisons déjà mais les moyens doivent être améliorés – et la défense active de nos satellites selon une stratégie non pas offensive mais d'autodéfense. Les enjeux sont : d'abord, de ne pas créer de rupture opérationnelle dans les missions existantes ; ensuite, d'arrimer toutes les unités jusqu'alors interarmées qui travaillent dans ce domaine ; enfin, d'avancer en équipe avec l'état-major des armées, la direction générale de l'armement (DGA), le secrétariat général pour l'administration (SGA), le centre national d'études spatiales (CNES), sur les domaines identifiés clés dans la montée en puissance, au nombre de neuf. Je citerai le capacitaire, le réglementaire, l'implantation, la coopération internationale, l'innovation et, bien sûr, les ressources humaines (RH). J'insiste, c'est ensemble qu'il faut élaborer cette montée en puissance.

Cette approche collaborative guide également les travaux sur le système de combat aérien du futur, qui représente ma troisième priorité. Les zones de conflictualité deviennent de plus en plus vastes et de plus en plus nombreuses. Les adversaires potentiels utilisant des armements de plus en plus performants, toute plateforme doit être un capteur. Les alliances sont primordiales pour disposer de la force militaire en qualité, mais également en quantité, lorsque nécessaire. Le nombre redevient un élément décisif pour remporter la victoire. Au coeur du SCAF se trouve l'avion de combat, qui devra disposer de moyens de détection en nombre suffisant, de munitions intelligentes évoluant, par exemple, en meute. Autour de l'avion s'agrégeront des capacités de commandement, des capacités de renseignement, des moyens de combat appartenant à différents pays. L'interopérabilité continue d'être un facteur essentiel de réussite des combats de demain, notamment avec le F-35 américain.

Je tiens à souligner la formidable opportunité de travail en coopération européenne que constitue le SCAF. Je travaille actuellement avec mes homologues allemand et espagnol pour garantir la bonne prise en compte du besoin opérationnel dans les travaux menés au niveau politique avec la DGA et les industriels.

Si le SCAF constitue un enjeu majeur pour l'avenir de l'armée de l'air, mes préoccupations sont aussi celles du quotidien et - vous en avez parlé, Madame la présidente - de la disponibilité des moyens existants. Cela me conduit naturellement à développer ma quatrième priorité, le maintien en condition opérationnelle (MCO) aéronautique.

La remontée de l'activité repose en partie sur la réussite de la réforme du MCO aéronautique, sujet primordial pour le succès des opérations, la préparation opérationnelle mais aussi le moral des personnels. Je l'ai encore constaté jeudi dernier, lors de ma dernière visite sur la base aérienne d'Orléans qui accueille les A400M. Vous le savez, la ministre des armées a décidé la mise en place d'un plan de transformation visant à améliorer la gouvernance et la performance du MCO aéronautique englobant aussi bien les aéronefs que les systèmes sol-air et les matériels d'environnement aéronautique. La direction de la maintenance aéronautique (DMAé) a été ainsi créée en avril 2018. Cette stratégie vise à mettre en place des contrats de soutien longs et globaux dédiés à chaque flotte. La flotte Rafale a été la première à bénéficier de ce type de contrat au travers du marché « Rafale verticalisé » (Ravel), notifié en mai 2019, qui montre des premiers résultats satisfaisants. L'armée de l'air est proactive et pleinement mobilisée aux côtés de la DMAé afin que ce plan de transformation soit un succès et contribue positivement à la remontée d'activité. À ce titre, nous avons développé le projet NSO 4.0 qui, plus qu'un projet, est un programme visant à optimiser notre organisation par la constitution d'équipes de maintenance pluridisciplinaires pour les chantiers lourds, instantanés ou fractionnés. Nous concentrons aussi nos efforts sur l'ordonnancement pour une meilleure organisation des chantiers par des systèmes d'information performants et des méthodes de « lean management ». Les premiers résultats ont été enregistrés, puisque nous avons réduit de moitié le temps nécessaire pour la dépose et le remontage d'un moteur d'A400M. Sur un C-160, nous avons gagné quatre semaines sur la durée moyenne de vingt semaines d'une visite de maintenance.

Il nous faudra aussi continuer de disposer d'hommes et de femmes formés, en nombre nécessaire et suffisant, et parvenir à les fidéliser. Ainsi la population des mécaniciens militaires est structurante pour les opérations et fait l'objet de toute mon attention. J'ai évalué à environ 11 150 mécaniciens le seuil minimal pour maintenir notre capacité.

Cela fait une transition naturelle vers le sujet des ressources humaines que vous avez également évoqué et qui est au coeur de mes priorités. Pour mémoire, la loi de programmation militaire pour les années 2019-2025 a octroyé 1 246 postes à l'armée de l'air, alors que les besoins souhaités sont évalués à environ 3 000 postes, afin d'absorber l'apparition de nouveaux métiers. Nous faisons également face à une recrudescence de départs non souhaités, dont le nombre a doublé depuis 2015. Cela peut s'expliquer par des surcharges de travail, des absences prolongées du domicile dues aux sous-effectifs et aux multiples engagements, ainsi que par des aspirations différentes des nouvelles générations, plus volatiles. Il est donc impératif de trouver des leviers de fidélisation.

Parallèlement au plan famille lancé par Mme la ministre, nous avons mis en place un projet qui, plus qu'une ambition, est décliné en actions, le projet DRHAA 4.0 visant à moderniser les politiques d'attractivité et de fidélisation. Le défi est de taille. Il s'agit de passer de l' « incitation au départ » au « lien au service », de la « gestion par flux » à la « gestion des compétences ». Pour cela, nous prenons en compte l'évolution de la société et des modes de vie, grâce aux crédits du plan famille. Par exemple, une crèche va être ouverte à Bordeaux-Mérignac et des bâtiments d'hébergement vont être construits sur la base d'Orléans.

La reconnaissance des spécificités d'emploi des aviateurs doit être également prise en compte au travers d'indemnités liées à des spécialités exposées. Un gros travail a déjà débuté en 2019 par la création de la prime ATOM pour les militaires mettant en oeuvre des armements nucléaires et d'une prime de lien au service pour toute catégorie de militaires agissant dans des conditions particulières. Ce travail se poursuit dans la perspective de la nouvelle politique des rémunérations militaires prévue pour 2022 en ciblant des spécialités critiques dont le déficit fragiliserait la réalisation de nos missions de souveraineté.

Pour revenir au coeur du sujet pour lequel nous sommes ici aujourd'hui, le PLF pour 2020 offre des perspectives très favorables pour poursuivre le travail de régénération et de modernisation en regard des priorités que je vous ai annoncées. Conforme aux prévisions de la loi de programmation militaire (LPM), il devrait permettre de suivre la trajectoire de remontée d'activité planifiée que j'appelle de mes voeux.

Notre ressource est d'environ 5 milliards d'euros d'autorisations d'engagement, couvrant la totalité des besoins exprimés en LPM, tandis que nos crédits de paiement atteignent 2,3 milliards d'euros, hors surcoûts des opérations extérieures (OPEX). L'armée de l'air a obtenu la quasi-totalité de ses demandes, car elles s'inscrivaient dans des objectifs politiques de la ministre en termes de modernisation, d'innovation et de coopération, ainsi que dans la priorité opérationnelle donnée au renseignement. Il convient de noter que le volume élevé d'autorisations d'engagement est dû à d'importants marchés pluriannuels liés à la verticalisation du soutien. Il faudra être vigilant sur les surcoûts possibles de ces marchés importants.

Les principaux équipements attendus par l'armée de l'air en 2020 sont : 40 Rafale au standard F3-R, équipé du pod de désignation laser « Talios », du missile Meteor et d'autres capacités nouvelles ; un troisième MRTT ; deux A400M, portant le total à 17 à la fin de 2020 ; un deuxième KC-130J ; un système Reaper avec une capacité d'armement en fin 2019 et surtout le nouveau standard Block 5 ; deux ALSR en patrimonial ; un deuxième satellite CSO et la rénovation du Mirage 2000D qui commence fin 2020.

Il faudra toutefois être attentif à la flotte de transport vieillissante et encore sous-dimensionnée jusqu'en 2025, malgré la remontée en puissance grâce aux livraisons des C-130J et des A400M. De plus, la flotte des hélicoptères de manoeuvre est, pour deux tiers, très âgée. Je parle des Puma dont le volume d'appareils récents est encore insuffisant, en particulier pour des missions de sauvetage ou de combat. Un projet de remplacement des Puma par vingt hélicoptères d'occasion est à l'étude à l'EMA, à la DGA et à la DMAé. Cette opération est pour moi prioritaire et urgente, afin de remplir les contrats opérationnels qui me sont fixés.

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, si je devais résumer l'armée de l'air aujourd'hui, je dirais qu'elle agit vite, loin, dans la durée, en national ou en coalition, en parfaite interopérabilité avec nos alliés. Je me réjouis de nouveau des perspectives favorables qui nous sont offertes. Notre armée de l'air se modernise et étend son champ d'action – je pense évidemment à l'espace – pour continuer à gagner en opérations. C'est une armée de l'air collective, moteur dans le développement de la défense européenne – j'en veux pour exemple le système de combat aérien du futur – qui s'appuie toujours sur l'engagement sans faille de ses hommes et de ses femmes et qui s'investit dans la jeunesse.

Vous êtes les bienvenus dans l'armée de l'air et sur nos bases aériennes pour constater par vous-mêmes que nous sommes au travail et que nous tenons le cap. Je vous invite d'ores et déjà sur la base aérienne 105 d'Évreux, le 5 décembre prochain, pour une présentation des missions et des matériels de l'armée de l'air aux côtés des promotions 2019 de l'institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et de l'École de guerre.

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