Pour nous, comme pour vous, il y a des moments où nous avons l'occasion de souhaiter une bonne santé à nos concitoyens et au personnel du secteur médical. Et puis il y a les moments budgétaires, tel l'examen du PLFSS, qui sont des moments de vérité sur les moyens mobilisés pour faire coller les paroles aux actes… Or force est de constater qu'avec un ONDAM à 2,3 %, et même à 2,1 % pour le secteur hospitalier, les moyens ne sont pas en adéquation avec les besoins.
Il faut certes se féliciter de mesures que nous n'avons eu de cesse de vous souffler à l'oreille, comme la création d'une agence de recouvrement des pensions alimentaires, le début du financement du congé de proche aidant ou encore l'instauration d'un fonds de financement des victimes des produits phytosanitaires.
Mais vos prévisions de dépenses semblent ignorer l'environnement économique. Fixer un ONDAM à 2,3 %, et même à 2,1 % pour le secteur hospitalier, alors que la croissance s'établit à 1,3 % et l'inflation à 1 %, revient ni plus ni moins à une baisse de la part des dépenses de santé dans le PIB…
Ce budget semble ne rien savoir du sentiment qu'éprouvent nos concitoyens sur leur prise en charge, quand la santé vient à leur manquer. Ils ont alors le sentiment de se trouver plutôt en face d'un parcours du combattant que d'un parcours de soins. Ce budget semble ignorer la souffrance des personnels. Le personnel médical est à bout, fuit quelquefois l'hôpital, passe parfois du statut de soignant à celui de patient. Vous n'entendez pas ses revendications, ses demandes de renforts humains et son besoin de reconnaissance. Ce budget et ses prévisions de dépenses n'ont que faire non plus du vieillissement constaté de la population, de son augmentation, ni même des progrès technologiques, scientifiques, techniques, médicaux, qui ouvrent d'autres perspectives de soins, certes souvent plus coûteuses… Vous semblez aussi indifférents aux enjeux de démographie médicale sur nos territoires. Vos politiques poussent souvent à une concurrence malsaine entre les territoires et à des comportements de négociation de salaire qui frisent quelquefois l'indécence. Les zones de carence médicale présentent également beaucoup d'incohérences…
Après dix-huit ans de déficit, alors que l'on s'acheminait enfin vers un équilibre, vous avez pris la fâcheuse initiative de ne pas compenser par le budget de l'État les mesures « gilets jaunes ». La sécurité sociale est ainsi de nouveau plongée dans les déficits… Une petite éclaircie seulement : hier, en commission des affaires sociales, on y a rejeté cette très mauvaise idée. Pourvu que le vote soit confirmé en séance publique !
Nous prendrons toute notre part dans l'amélioration de ce budget. Mais il vous faudra beaucoup de courage pour terminer vos cérémonies de voeux par la formule consacrée : « bonne année et bonne santé ! »