Intervention de docteure Geneviève Wagner

Réunion du mercredi 9 octobre 2019 à 15h05
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

docteure Geneviève Wagner, chirurgienne-dentiste, présidente de la commission Exercice et déontologie du Conseil national de l'Ordre national des chirurgiens-dentistes :

Lorsque j'évoquais un enjeu sociétal, je voulais souligner que c'est une question traitée par l'Ordre national.

En faisant du soin dentaire, nous ne voyons pas toutes les femmes traumatisées sauf si – et c'est important – les associations ou les professionnels intègrent le fait que lorsqu'il y a des violences, il y a souvent des dents cassées ou problèmes maxillo-faciaux que nous sommes en mesure d'identifier et de prendre en charge.

Ce qui est important dans la démarche, c'est d'aider les femmes une fois qu'elles seront sorties du contexte de violence. Quand elles seront sans ressource, qui va prendre en charge financièrement la réhabilitation ?

Je crois que nous pouvons déjà participer à la prise de conscience de tous les chirurgiens-dentistes et les inciter à tout noter dans les dossiers médicaux. C'est notre rôle d'Ordre. Ce constat est déterminant même si le professionnel ne voit qu'une fois cette personne. Nous n'avions jusque-là pas forcément le réflexe de noter ce genre d'éléments ou de bien spécifier que la dent est cassée. Grâce aux travaux de la MIPROF, nous savons à quel point ce relevé est important. Je note que cela peut aussi servir pour les identifications quand il y a par exemple un attentat.

Il faut que toutes les associations et les professionnels pensent aux enjeux dentaires : consulter un chirurgien-dentiste permet d'établir un certificat qui pourra servir ultérieurement et d'éviter des dégâts plus importants par la suite.

Le président évoquait les questions de prise en charge. Il n'est pas possible de tout prendre en charge : un os malaire cassé enfoncé, cela peut être très compliqué à refaire et ce ne sera pas une simple reconstitution. Avoir un appareil amovible parce qu'on ne peut pas faire autrement, pour une personne de 20 ou 30 ans, cela peut être très traumatisant, alors qu'elle avait toutes ses dents. Cela n'a toutefois pas le même coût qu'un bridge complet par exemple.

Lorsque les parents ne veulent pas faire soigner leurs enfants, la situation est plus claire puisque cela va être constaté, notamment à l'école. L'absence de soins dentaires est de la maltraitance et nous pouvons alors saisir le juge compétent.

Quant à savoir s'il faut des praticiens hommes ou femmes, je crois qu'il est très positif de travailler en binôme ; je suis très favorable à la mixité. En ma qualité de présidente de la commission exercice et déontologie, je travaillais en binôme avec un confrère homme. Aujourd'hui je travaille en binôme avec le vice-président Christian Winkelmann. Dans notre profession, les hommes sont très investis sur ces sujets. Jean-François Largy, président du conseil départemental de la Côte-d'Or, est par exemple l'un des maîtres d'oeuvre de notre formation en e-learning. Il a été le représentant pour la HAS dans notre domaine.

Nous ne voyons que les bouches, les dents et les faces, nous ne voyons pas les gens. Nous ne voyons pas quelqu'un qui a été agressé. Il y a des unités dentaires ou dentologiques en chirurgie orale dans les hôpitaux, mais ce n'est pas encore très développé. Quand il y a un simple accident de voiture avec un traumatisme facial, on ne pense pas forcément aux dents ou à la mâchoire. C'est regrettable.

Je crois qu'il faut aborder la question des violences de façon sociétale. Il nous faut être aussi particulièrement attentifs aux enfants.

En ce qui concerne les enjeux déontologiques, nous y travaillons au sein de l'Ordre. Nous trouvons que le terme « d'affaires familiales » est désuet. Nous n'avons certes pas à nous immiscer dans les affaires privées mais ici il ne s'agit pas de cela mais d'agressions et de violences.

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