L'ARS a un rôle de coordination notamment pour soutenir les médecins référents violence et mettre une dynamique de travail. Un médecin urgentiste, surtout dans l'état actuel des services d'urgence, ne peut pas faire bouger les lignes tout seul. Il faut qu'il se fasse épauler par une infirmière, une assistante sociale, etc. Dans certains services d'urgence, un repérage systématique avait été mis en place mais faute de médecins séniors en poste fixe, il n'est plus possible de le maintenir. Les services d'urgence tournent beaucoup avec des vacataires et des intérimaires et les bonnes pratiques reculent.
Il est pourtant utile que l'ARS vienne vraiment soutenir ces initiatives et harmoniser les pratiques sur le territoire, en s'appuyant sur la déléguée départementale aux droits des femmes ou la déléguée régionale. Il faut aussi intégrer le réseau périnatal dans cette démarche car nous savons que les violences faites aux femmes ont un impact sur la grossesse et la petite enfance. En la matière, on constate une évolution : il y a quatre ou cinq ans, les ARS étaient peu impliquées sur ces sujets ; elles le sont beaucoup plus aujourd'hui. Et quand elles s'impliquent dans cette coordination, cela aide vraiment les professionnels.
Sur la reconnaissance du statut de victime pour les enfants, je nous invite à faire attention à notre vocabulaire. Un enfant exposé à la violence conjugale est victime des violences conjugales juridiquement. Nous sommes plusieurs autour de la table à en être convaincus, mais nous sommes aussi plusieurs à avoir dit qu'ils ne sont pas victimes de violences. Nous devrions dire qu'ils ne sont pas victimes de violences physiques et sexuelles car c'est que nous voulons dire précisément. Ils sont en effet victimes de violences psychologiques dans les tous les cas. Il faudrait également bannir le mot « témoin » parce que cela fait penser à tort que ce n'est pas trop grave. Retenons plutôt le terme de co-victime car même si on ne touche pas à un seul de leur cheveu, ces enfants sont victimes sur plan médical et psychique, développant des symptômes de stress post-traumatique. Le premier des risques, ce n'est pas qu'ils reproduisent ces violences à l'âge adulte ; ils risquent aussi de mal se développer avec des troubles du développement psychomoteur en raison de lésions neurologiques par surexposition au stress. Je serais curieuse les arguments qui expliqueraient que ces éléments ne justifient pas de les reconnaître comme victimes.