Les chiffres publiés le 27 septembre dernier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sont sans appel : les prix agricoles sont en baisse. D'août 2018 à août 2019, le prix du blé payé aux producteurs a baissé de 21 %, celui du maïs de 8 %, celui des fruits et légumes frais de 4,7 %. Les conséquences de la sécheresse de cet été risquent d'aggraver la situation.
En ce qui concerne les crédits de paiement, le budget de la mission est en hausse de seulement 1 %. L'augmentation s'élève certes à 6 % pour les autorisations d'engagement mais est-ce réellement suffisant pour répondre à la baisse des prix agricoles et pour relever le défi de la transition agroécologique ? Je n'en suis pas si sûre.
N'oublions pas que cette transition vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement est fragilisée à chaque fois qu'un accord de libre-échange est ratifié avec un pays dont les normes environnementales ne sont pas au même niveau que les nôtres. Elle sera aussi fragilisée si nous ne marquons pas un tournant clair en matière de politique budgétaire.
C'est la raison pour laquelle le groupe Socialistes et apparentés propose à travers plusieurs amendements d'accélérer ce mouvement : déploiement des fermes DEPHY qui ont pris l'engagement de réduire l'usage de produits phytosanitaires, soutien à l'élaboration de projets alimentaires territoriaux, aux organisations de producteurs, facilitation de la transition de la restauration collective vers une alimentation qualitative.
Nous aborderons également la question de la lutte contre l'artificialisation des sols et la taxation des produits alimentaires en fonction de leur intérêt nutritionnel, sanitaire et environnemental.
Nous devons apporter un bémol à la loi EGALIM. Une étude de l'UFC-Que Choisir démontre que les hausses les plus importantes ont profité aux produits de grande marque : « La loi se traduira malgré tout par un cadeau de 1,6 milliard d'euros en deux ans pour les grandes surfaces ». « Un chèque en blanc pour les grandes surfaces, un chèque en bois pour les agriculteurs » conclut l'association.
Bref, vous l'aurez compris, pour notre groupe, le budget pour 2020 doit être celui qui marque incontestablement un tournant vers l'agroécologie à travers un accompagnement renforcé de l'ensemble des acteurs. C'est la raison pour laquelle nous nous opposons à la diminution de la TATFNB : les chambres d'agriculture auront besoin elles aussi d'accompagnement pour effectuer cette transition.
Alors que les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas et que les recettes du prélèvement à la source ont créé des marges de manoeuvre supplémentaires, il n'y a pas d'excuses, il est temps d'appuyer sur l'accélérateur.