Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du lundi 28 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Le groupe UDI, Agir et indépendants considère que le volume budgétaire de la mission « Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales », qui s'élève à 2,9 milliards d'euros – un montant similaire à celui de l'année 2019 – , ne pose pas de problème particulier.

S'y ajoutent plus de 9 milliards d'euros d'aides européennes : dans ce secteur, comme dans d'autres, n'oublions pas que l'engagement de la France au sein de l'Union européenne se traduit par des apports importants. Il est donc primordial que la France soit pleinement active dans les négociations en cours pour la future PAC 2021-2027. Les subventions de la PAC ne doivent pas être réduites ; pour ce qui est des modalités administratives, j'espère que les retards de paiement à répétition ne seront bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

Parmi les points positifs que nous pouvons retenir de cette mission, je citerai le volet agricole du grand plan d'investissement, d'un montant de 244 millions d'euros, l'augmentation de 24 % des aides destinées à l'agriculture biologique, les nouveaux crédits alloués aux MAEC – mesures agroenvironnementales et climatiques – et le financement du plan ambition bio 2022 à hauteur de 1,1 milliard d'euros. Nous souhaitons aussi rappeler que le plan Écophyto 2 +, qui vise à réduire de 50 % le recours aux produits phytosanitaires d'ici à 2025, est une avancée importante qui vient s'ajouter aux chartes de bonnes pratiques d'utilisation des produits phytosanitaires inscrites dans la loi EGALIM.

Malheureusement, la procédure d'élaboration de l'arrêté ZNT – zones non traitées – donne aux agriculteurs le sentiment d'une mise à l'index, alors qu'ils ont toujours su prendre l'initiative, pour proposer notamment leur contrat de solutions. Et que dire des arrêtés municipaux sur le glyphosate ? Volonté réelle de stigmatiser l'agriculture ou seulement gesticulation préélectorale ?

Au fil des années s'est imposé un discours manichéen opposant l'envie de bio à l'horreur des pesticides. Cette vision simpliste, répétée sur toutes les tribunes et dans tous les médias, a fini par mettre l'essentiel de la production agricole française dans un véritable angle mort de notre débat politique. Or toute notre agriculture est en profonde mutation, qu'il s'agisse de l'alimentation, des méthodes d'élevage et de culture, ou encore de la contribution à la transition énergétique.

Il serait temps de porter un regard positif sur une profession qui a toujours affronté courageusement les défis et de lui exprimer notre soutien, si nous ne voulons pas être les témoins de son déclin.

Regardons, par exemple, ce qui se passe en matière de commerce extérieur. L'excédent agricole français tend à disparaître. Il a été divisé par deux entre 2011 et 2017 en euros courants, ce qui constitue un recul historique. À ce rythme de décroissance, la France, selon un rapport du Sénat – je sais, monsieur le ministre, que vous y êtes particulièrement attentif – , pourrait connaître son premier déficit agricole en 2023. Le Gouvernement avait mis en place un plan stratégique export 2018-2022 ; les résultats s'en font encore attendre.

Alors que le commerce extérieur français a contribué à la croissance économique en 2018, il ne faudrait pas que notre situation agricole vienne affaiblir cette remontée, d'autant que le Brexit ne manquera pas de bousculer les courants d'affaires. Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous préciser les missions et le calendrier de déploiement des 320 postes prévus au budget pour faire face à cette échéance ?

Je me félicite enfin de l'adoption en commission des affaires économiques comme en commission des finances de l'amendement de nos collègues Thierry Benoit, président de la commission d'enquête sur les pratiques de la grande distribution, et Gregory Besson-Moreau, son rapporteur : il vise à renforcer les moyens du médiateur des relations commerciales agricoles. Je ne doute pas qu'il connaîtra à nouveau un sort favorable dans cet hémicycle. Sur ce sujet, monsieur le ministre, nous serons vigilants quant aux conditions des négociations commerciales pour l'année 2020. Nous espérons que vos services prendront toutes les mesures nécessaires en cas de comportements inappropriés.

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