Ce rattachement serait d'autant plus pertinent que l'une et l'autre sont fragilisées. Nous l'avons vu, notre pays a perdu sa place de premier exportateur européen de produits agroalimentaires, dépassé par l'Allemagne. Pire, pour la première fois depuis la guerre, la balance commerciale agroalimentaire française avec les pays européens a été négative en 2018. Notre excédent agricole a été divisé par deux entre 2011 et 2017 – un recul d'autant plus préoccupant que la tendance semble structurelle. À ce rythme de décroissance, la France constatera son premier déficit agricole en 2023.
Une question se pose alors : ce budget et, plus largement, la politique mise en oeuvre contribuent-ils à améliorer la compétitivité de notre agriculture et de notre agroindustrie ? Certes, certains choix de spécialisation et la montée en gamme constituent des possibilités de pénétration sur les marchés internationaux ; elles sont toutefois limitées. Je veux évoquer une cause de la perte de compétitivité de notre agriculture : le niveau de charges sociales et fiscales, bien plus élevé que chez nos concurrents, y compris à l'intérieur de l'Union européenne. En maraîchage, par exemple, le coût horaire du travail en France est respectivement 1,7 fois plus élevé qu'en Espagne et 1,5 fois plus élevé qu'en Allemagne.