Pour les agriculteurs, les sujets d'inquiétudes ne manquent pas : rentabilité, renouvellement des générations, transition écologique, dénigrement de la profession – autant d'items sur lesquels votre parole, monsieur le ministre, est attendue. Et si nous débattons du budget, ce n'est pas pour aligner des chiffres mais c'est pour mettre en place l'agriculture que nos agriculteurs et nos concitoyens attendent.
Au nom du groupe du Mouvement démocrate et apparentés, je vais donc analyser ce budget à l'aune des enjeux que je viens d'évoquer car sa présentation est l'un des temps forts de la politique agricole gouvernementale.
Ce budget connaît une progression, certes modeste, alors que le Gouvernement a programmé une baisse de 10 milliards d'euros des prélèvements dans le projet de loi de finances. Dans ce contexte, cette hausse des crédits est un signal fort dont nous vous remercions.
Je souhaiterais m'attarder sur les quatre points évoqués.
S'agissant tout d'abord du manque de rentabilité, de nombreuses questions se posent. Comment faire en sorte que les filières se structurent afin que l'objectif de la loi EGALIM sur la construction des prix de vente par les filières puisse être atteint ? Des filières entières sont encore trop faibles pour que s'établisse un rapport de force équilibré entre les acteurs.
Comment remédier à la perte de compétitivité de notre agriculture ? Certes, le compte d'affectation spéciale « Développement agricole et rural » est préservé, ce qui signifie que les moyens de la recherche appliquée sont pérennisés. En revanche, l'Institut national de la recherche agronomique – INRA – est en souffrance alors qu'il était synonyme d'excellence.
Que répondre aux inquiétudes sur le prochain budget européen ?
Comment mieux assurer nos agriculteurs face aux aléas climatiques ? L'agriculture française reste toujours trop peu assurée.
Deuxième sujet majeur : la crise du renouvellement des générations. Je note le maintien d'une enveloppe de haut niveau pour la dotation jeune agriculteur – DJA – , ce qui est très important, mais il me faut aussi pointer des difficultés administratives incompréhensibles.
Prenons deux exemples. Si le jeune agriculteur modifie de plus de 25 % son projet d'installation dans les quatre ans qui suivent la délivrance de la dotation, pour des questions de surface ou de cheptel, il faut faire des avenants administrativement très lourds. Est-ce normal ? Non, je ne le crois pas.