Le débat n'est pas terminé. Il va se poursuivre au Sénat et dans notre pays.
Les agriculteurs ressentent aussi comme une injustice les controverses qui jalonnent tous les débats autour de l'agroécologie alors que, au cours de la précédente législature, nous avions eu ensemble l'espoir de tracer une trajectoire qui nous permette de nous élever et de nous rassembler.
Le groupe Socialistes a déposé des amendements qui sont comme des jalons vers cet horizon que nous voulons atteindre pour notre agriculture et notre pays.
Les premiers cherchent à remettre en cause des oligopoles de la grande distribution et de l'agro-industrie. En renforçant vraiment les appellations d'origine protégée – AOP – et les organisations de producteurs, des dispositifs qui existent virtuellement mais qui ne sont pas véritablement appliqués sur le terrain, nous pouvons renforcer les capacités de négociation du monde paysan par rapport à ces acheteurs.
Nous formons également l'espoir qu'un réinvestissement dans les outils de transformation et une orientation sociale en faveur d'une restauration collective de haute qualité et de projets alimentaires territoriaux permettront de poursuivre le mouvement de relocalisation, ce qui doit nous éviter d'affronter en permanence cette mondialisation sans foi ni loi.
Sur les questions d'agroécologie, nous avons deux séries d'amendements. L'une propose d'étendre ce que nous appelons le living lab, le laboratoire vivant de l'agroécologie que constituaient les 3 000 fermes du plan Écophyto 2. Si chacune d'elle rayonnait vers dix autres fermes, il y aurait ainsi 30 000 fermes concernées capables d'entraîner les 200 000 agriculteurs qui utilisent la phytopharmacie.
Enfin, nous proposons d'augmenter les crédits alloués à la haute valeur environnementale. Je sais, monsieur le ministre, que ce combat nous est commun.
Entre l'agriculture bio et l'agriculture conventionnelle, il existe une troisième voie. Celle-ci doit soulager l'agriculture bio de l'extrême pression commerciale qui lui fait faire des choses parfois délirantes sur le plan écologique – je pense au transport d'amendements qui traversent la France pour atteindre le Bassin parisien ou à ces serres chauffées adoptées contre notre gré et qui sont des aberrations écologiques.
Nous proposons d'autres amendements repères, notamment une aide aux coopératives d'utilisation de matériel agricole – CUMA – et un renforcement du rôle des chambres d'agriculture, pour défendre à nouveau cette idée d'une agriculture de groupe qui a fait la force de notre modèle par le passé et qui peut encore être son rendez-vous avec l'avenir.
Nous avons enfin des amendements qui concernent le temps long, et des situations qui nous paraissent tout à fait dramatiques. L'un porte sur l'ONF et l'autre vise à engager des processus mettant fin à l'artificialisation des terres.
Le 27 novembre, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – GIEC – viendra au Palais Bourbon présenter les résultats de ses études sur les sols, qu'il a produites au mois d'août. Nous verrons que 29 % de la solution passe par la qualité, le partage et la protection des sols.
S'agissant des forêts, la crise due aux scolytes dans l'Est est absolument dramatique, équivalente à la crise de 1999. J'en discutais récemment avec des collègues vosgiens.