Je crois, monsieur le ministre, que vous en êtes convaincu : l'intention de Matthieu Orphelin, quand il a rassemblé des députés de tous horizons pour signer son amendement, était bien de sortir de l'affrontement qui se préparait sur les zones de non-traitement. Et je trouve intéressante son idée d'expérimentation.
J'ai eu la chance d'être invité la semaine dernière, dans le cadre de la présidence finlandaise du Conseil de l'Union européenne, pour assister à la réunion d'une vingtaine d'instituts de recherche européens, l'INRA en tête, bien sûr – la France a la chance d'avoir le meilleur – , qui vont vers l'objectif de zéro pesticide en 2050.
Quand j'en parle sur le terrain, il n'y a pas une coopérative, pas un agriculteur qui me dit : « Jamais. » Ils répondent : « À l'horizon 2050, oui, on se prépare. Trente ans, l'espace d'une génération, allons-y, il faut de nouvelles technologies, du biocontrôle, changer l'agronomie, le végétal, changer les marchés, de nouveaux traités internationaux. » C'est une voie pacifique vers la transition qui entraîne tout le monde. C'est le sens de son amendement.
De retour de Finlande, monsieur le ministre, je vous fais une suggestion à partir de laquelle on pourrait travailler en vue de la deuxième lecture, car, si les fermes Dephy sont un laboratoire vivant, 2 000 fermes aujourd'hui, 3 000 demain – vous refaites ce que nous avions déjà fait avec Écophyto 2 et c'est tant mieux – , cela ne suffit pas. Ne pourrait-on plutôt imaginer que des territoires, et pas seulement des exploitations, s'engagent dans cette voie ?
Je suis persuadé que, ainsi poussés par une ambition territoriale, les communautés de communes de ma circonscription diraient demain : « HVE3, haute qualité environnementale, dans les dix ans qui viennent. » Et elles prendraient un temps d'avance en termes d'attractivité du territoire, de conquête de marchés et de dépollution de l'eau, de l'air, etc.
Voilà des trajectoires utiles. Pourquoi ne mettriez-vous pas quelques millions d'euros pour que des communautés de communes s'engagent à être totalement HVE3 dans la perspective de s'affranchir des pesticides. Cette idée devrait être expérimentée, d'autant plus qu'elle entraînerait dans son sillon la CUMA – coopérative d'utilisation de matériel agricole – , le groupe de développement et la communauté de communes, dans une logique de conciliation, et non de division. Cela me paraît heureux.
Enfin, il y a eu, aux abords des vignes de ma circonscription – je pense aux côtes de Toul – , des problèmes de voisinage. Grâce au plan de type agroécologique que nous avons mis en place, 80 % du vignoble est converti.