Il est inutile de l'avoir fermée. Même si on est absolument opposé au régime syrien – ce que je comprends parfaitement et à quoi je peux adhérer sans difficulté – , on ne peut à la fois avoir une ambassade au Qatar ou en Arabie saoudite, qui ne sont pas des régimes proches du nôtre, et ne pas en avoir à Damas – et non Bagdad, je vous prie de m'excuser, même si je m'apprête à vous en parler.
Il sera également nécessaire de rouvrir le lycée Charles de Gaulle et de contribuer à son redémarrage, car c'est dans ce lieu que les élites syriennes – ou une partie d'entre elles – ont fait l'apprentissage de notre langue et, à travers elle, de la pensée des Lumières.
Si j'évoque tout ceci, c'est parce que je constate que le bilan est désastreux. La France est éliminée ! Je ne vous en ferai pas le procès personnel, monsieur le ministre, mais je me vois contraint de le dire. Du point de vue de votre propre logique – que je ne partage pas – , qui sort vainqueur de cette affaire ? Les Russes, que vous présentiez comme des ennemis et que j'ai toujours vus comme des partenaires et des alliés. Heureusement que la Russie était là, car c'est elle qui, en un an, est parvenue à régler ce que tous les autres pays réunis ont été incapables de faire, c'est-à-dire écraser la soi-disant armée du soi-disant État islamique.
Depuis lors, nous ne sommes plus rien. Aux tirs de la Turquie, censée être notre alliée dans le cadre de l'OTAN, nos militaires ne ripostent que dans l'instant, sans suite. Il eût fallu poursuivre la riposte, car ce n'est pas aux Turcs de décider si les Français ont le droit de se trouver en Syrie !