Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mercredi 30 octobre 2019 à 15h00
Condamnation de l'offensive militaire turque dans le nord-est syrien — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Les députés communistes saluent tous ceux qui bravent le régime et tentent, coûte que coûte, de faire vivre la démocratie en Turquie. Il ne faut jamais faire porter aux peuples les erreurs de leurs dirigeants. Avec cette résolution, notre Assemblée ne restera pas silencieuse sur ces graves événements ; le groupe de la Gauche démocrate et républicaine s'en félicite.

Cette offensive constitue une triple violation du droit international. Elle constitue d'abord une annexion territoriale du Rojava, qui est contraire au respect des frontières et dénote un mépris total pour la souveraineté de l'État syrien. Elle poursuit ensuite l'objectif de créer une zone peuplée par les Syriens actuellement réfugiés en Turquie. La déportation de populations doit être dénoncée avec la plus grande fermeté. Elle est enfin menée pour éliminer les Kurdes syriens vivant sur ce territoire. Affirmons-le : il s'agit d'un nettoyage ethnique et d'un drame majeur. Nous exprimons toute notre solidarité à ces peuples qui luttent sous les bombes.

Cette opération turque est d'autant plus insupportable que les forces démocratiques syriennes qui sont attaquées sont composées en majorité des Kurdes formant les Unités de protection du peuple – les YPG. Ces femmes et ces hommes sont nos alliés : ils ont lutté au sol contre Daech, ont tenu le terrain et consenti aux plus grands sacrifices humains. Les villes du Rojava sont décimées et les photos des femmes et des hommes morts au combat fleurissent partout dans les lieux publics. N'oublions pas que ces citoyens ont pris les armes pour protéger non seulement leur région, mais aussi le monde entier, contre l'accroissement territorial de Daech.

Le Rojava est aussi une construction politique, fruit d'une révolution progressiste qu'il importe de valoriser. En pleine guerre, cette région est parvenue à s'organiser selon le principe d'égalité entre les femmes et les hommes, en prônant la laïcité, en dépassant les clivages ethniques et religieux et en mettant en avant une construction politique pacifique. En un mot, il s'agit pour nous d'un exemple.

L'expérience politique du Rojava est aujourd'hui compromise par la lenteur de l'Europe à s'opposer à l'absurdité de la politique américaine et à la violence de la politique turque. L'étouffement de cette expérience arrangerait-il les dirigeants de notre monde ultralibéral ?

Le pouvoir d'Erdogan n'a en tout cas pas été inquiété dans cette action. La France doit agir, et les moyens existent. Quoique… Si le pouvoir d'Erdogan n'a pas été inquiété par la communauté internationale, c'est peut-être du fait de l'appartenance de la Turquie à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord.

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