Au fil du temps, le budget de la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation » diminue, en raison de la disparition naturelle de glorieux aînés. Nonobstant, nous le voterons, car la baisse naturelle du nombre de bénéficiaires, qui entraîne une baisse mécanique du budget de la mission, à 2,16 milliards d'euros, n'empêche pas de financer des mesures nouvelles, ni de maintenir le financement des mesures importantes que nous avions prises les deux années précédentes.
En 2018, nous avions choisi de mettre un terme à la distinction injuste, s'agissant des pensions, entre le taux du soldat et le taux du grade. Nous avions également augmenté l'allocation de reconnaissance et l'allocation viagère, respectivement allouées aux supplétifs rapatriés et à leurs conjoints survivants.
En 2019, nous avions proposé d'en finir avec une demande récurrente et ancienne des associations d'anciens combattants : l'attribution de la carte de combattant aux personnes ayant effectué des services en Algérie du 3 juillet 1962 au 1er juillet 1964 aux 50 000 allocataires qui l'attendaient. Trente-cinq mille ont été accordées cette année et 20 000 le seront au cours des mois à venir.
Nous avons aussi proposé à vos suffrages, et vous l'avez acceptée, mes chers collègues, l'augmentation de la dotation pour le financement des expertises médicales et la mise en place du plan en faveur des harkis et de leurs familles.
Cette année, nous vous proposons de majorer les pensions militaires d'invalidité allouées aux conjoints des grands invalides de guerre, qui ont consacré leur vie à soigner leurs valeureux conjoints, lourdement blessés au combat. Cette mesure, si vous l'acceptez, permettra d'accompagner les veuves, et de reconnaître leur engagement auprès de leurs maris comme un engagement pour la France.
Nous avons aussi ramené les commémorations à leur niveau solennel et régalien. Avec son itinérance mémorielle, avec les commémorations du débarquement de Normandie et du débarquement de Provence, le chef de l'État a renoué avec la proximité des passeurs de mémoire – de toutes les mémoires, au premier rang desquelles celle de l'Armée noire, si longtemps oubliée et humblement rappelée ici même par votre humble serviteur.
En invitant Alain Mabanckou à prononcer à sa place le discours inaugural du monument dédié à l'Armée noire, le 6 novembre dernier, à Arras, en faisant de même avec David Diop, le 15 août dernier, à la nécropole de Boulouris, le chef de l'État n'a pas seulement rappelé combien ceux que l'on appelle les tirailleurs sénégalais ont été des appuis décisifs dans nos combats, il a aussi rappelé la place qu'ils doivent occuper dans une société qui oublie son passé, et combien l'encre noire de ces auteurs africains, francophones et francophiles, éclaire notre histoire, illumine notre présent.
Permettez-moi de citer ces quelques mots d'Antoine de Saint-Exupéry : « La guerre, ce n'est pas l'acceptation du risque. Ce n'est pas l'acceptation du combat. C'est à certaines heures, pour le combattant, l'acceptation [… ] de la mort. » Cette acceptation de la mort n'a pas une couleur ; elle en a plusieurs, les couleurs de la patrie, des libertés, de la démocratie, des règles républicaines qui garantissent à chacun des droits identiques. Ce sont les couleurs de la France.
Ces couleurs seront hissées le 11 novembre prochain, et honneur sera rendu aux soldats morts pour la France en opérations extérieures, lors de l'inauguration du mémorial qui leur est dédié, afin que nos compatriotes puissent enfin se recueillir devant un mur de marbre sur lequel seront gravés les noms d'hommes jeunes, d'enfants tombés pour le pays, et afin que chacun se souvienne qu'il y a un prix lourd à payer, le plus lourd qui soit, pour que vive la liberté, vive la République, et vive la France.