Intervention de Buon Tan

Séance en hémicycle du jeudi 31 octobre 2019 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Économie - engagements financiers de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBuon Tan, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Je dirai pour commencer quelques mots sur la situation de notre commerce extérieur et sur la conjoncture internationale. Cette année, le commerce international pourrait être proche de la stagnation. Les prévisions de croissance sont révisées à la baisse dans quasiment tous les pays. Cette situation est en grande partie le résultat de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui a des effets directs importants sur les échanges et, surtout, entretient un climat de défiance et décourage les investissements.

Dans ce contexte, l'économie française dans son ensemble et, en particulier, le commerce extérieur tirent plutôt bien leur épingle du jeu. Le déficit commercial est stabilisé à 60 milliards d'euros pour l'année 2018 et diminue même de 5 milliards d'euros en année glissante. Pour la première fois depuis 2012, le commerce extérieur contribue à doper la croissance. Notre attractivité pour les investissements étrangers se maintient, alors qu'elle recule au Royaume-Uni et en Allemagne.

Je vois dans tout cela le résultat des réformes engagées depuis plusieurs années pour la compétitivité, l'innovation et l'internationalisation de nos entreprises. Ces résultats encourageants ne doivent toutefois pas masquer les risques liés à l'environnement économique international, parmi lesquels les tensions entre les États-Unis et la Chine et le ralentissement du commerce mondial. Quant aux taxes imposées par les États-Unis depuis le 18 octobre, elles pourraient coûter plus de 500 millions d'euros à la filière aéronautique et près de 400 millions à la filière viticole. Enfin, rappelons les risques liés au Brexit : le Royaume-Uni est notre troisième partenaire commercial et c'est avec lui que nous avons notre premier excédent bilatéral.

Tous ces risques m'ont conduit à m'interroger sur les destinations où la croissance est dynamique, et qui seraient susceptibles d'être de nouveaux relais de croissance pour notre commerce extérieur. J'en ai identifié trois principales : l'Europe centrale et orientale, l'Asie du Sud-Est et l'Afrique.

Plus généralement, une stratégie à moyen terme doit nous guider. Je recommande notamment que soit relancée la réflexion stratégique à moyen terme sur les géographies et les secteurs, en identifiant des « couples pays-secteur » qui doivent devenir la priorité de l'ensemble des acteurs du commerce extérieur.

J'en viens à l'organisation de notre système d'accompagnement des exportateurs. J'évoquerai pour commencer une réelle satisfaction. Pendant plusieurs années, nous avons essayé de faire mieux travailler ensemble les différents réseaux concernés en leur faisant signer des chartes, des conventions, mais tout cela sans beaucoup de résultats. Or, depuis un an, la donne a changé : nous avons engagé une réforme beaucoup plus intégrée avec une obligation, pour les uns et les autres, de travailler la main dans la main, de partager leurs informations et leurs fichiers clients, pour offrir un parcours complet et coordonné aux exportateurs. C'est la Team France Export.

Et ce dispositif fonctionne : les nouveaux outils informatiques ont été déployés en un temps record ; une solution a été trouvée pour leur financement ; Business France a laissé sa place aux acteurs locaux dans les pays où ils ont été jugés plus performants ; enfin, presque toutes les régions métropolitaines ont déjà rejoint le dispositif.

La Team France Export est à mon sens un premier pas vers la simplification, la lisibilité et la visibilité de notre politique du commerce extérieur. Comment accepter qu'un secteur qui pèse 22 % de notre produit intérieur brut n'ait pas de ministre dédié et que son financement soit éclaté entre différentes lignes budgétaires dépendant de plusieurs ministères ? Jean-Baptiste Lemoyne, dont je salue l'implication et le pragmatisme, joue ce rôle mais n'en a pas le titre, ce qui pose parfois problème. Il nous faut donc un budget dédié avec un ministre dédié.

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