Monsieur Yannick Haury, les pêcheurs français sont effectivement très préoccupés par la perspective du Brexit. Le ministre de l'agriculture et de l'alimentation était hier en visite à Lorient, où la question du Brexit a été de toutes les discussions. Personne ne sait encore rien de précis à ce sujet, si ce n'est qu'il existe une enveloppe de protection réservée au ministère de l'agriculture. Les comités régionaux des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM), qui sont compétents pour la zone comprise entre zéro et douze milles marins des côtes, peuvent décider de qui vient pêcher dans leurs eaux. Pour ce qui est de la bande s'étendant entre douze et soixante milles des côtes, on peut imaginer que, dans l'hypothèse d'un Brexit dur, une grande partie de l'effort de pêche non seulement français, mais aussi espagnol, néerlandais et belge, porte sur les eaux bordant les côtes françaises : il sera alors sans doute intéressant que les navires français fassent valoir leurs droits d'antériorité dans cette zone, comme l'a indiqué le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).
Il est certain que les Britanniques vont eux aussi se trouver confrontés à un problème car, s'ils ne possèdent presque plus de bateaux de pêche, ils transforment encore une grande partie de leur poisson, notamment à Boulogne-sur-Mer et à Lorient. Le Président de la République et M. Michel Barnier ont posé le principe selon lequel la pêche devait faire partie du paquet des négociations sur le Brexit. Il faut espérer que certains pays n'ont pas déjà engagé des négociations bilatérales avec les Britanniques en vue de continuer à aller pêcher dans leurs eaux.
Comme vous, monsieur Jean-Luc Poudroux, je suis très attaché à la préservation de la ressource, et pour cela je fais confiance aux chercheurs, au Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) qui nous indique chaque année les quotas de pêche à respecter, ainsi qu'à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER). Je suis persuadé que les pêcheurs et les chercheurs sont capables d'effectuer un bon travail en concertation. Je crois aussi en l'efficacité des mesures de repos biologique, consistant à ce que les bateaux de pêche restent à quai durant la période de reproduction des poissons.
Hier, avant d'aller à Lorient, le ministre de l'agriculture s'est rendu au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) d'Étel. J'espère, monsieur Jean-Luc Poudroux, que nous pourrons un jour le visiter ensemble, car il fait un travail fantastique de surveillance des pêches maritimes, y compris dans les eaux de l'océan Indien.
Nous devons intensifier nos efforts en matière de lutte contre les bateaux pratiquant la pêche illégale. Plusieurs dispositifs peuvent nous y aider : je pense notamment aux satellites, ainsi qu'à certains logiciels – il est ainsi envisagé qu'un logiciel servant à la surveillance des navires de commerce puisse être utilisé pour les navires de pêche.
En résumé, je partage vos inquiétudes, mais je pense que l'action 4 « Action interministérielle de la mer » est de nature à y répondre.
M. Paul-André Colombani m'a interrogé au sujet de la crise des vocations dans le domaine de la pêche. Je pense qu'il appartient à chacun d'entre nous, et peut-être en particulier aux navigateurs ayant la chance de prendre part à des compétitions telles que la Transat Jacques-Vabre ou la Route du Rhum, de faire en sorte de susciter l'intérêt des jeunes pour la mer.
En tout état de cause, le métier de pêcheur est difficile, et peut-être faudrait-il réfléchir à de possibles évolutions de carrière. J'ai eu la chance d'être convié au déjeuner du Président de la République lors du Salon de l'agriculture, auquel prenaient également part des représentants de la FNSEA et du CNPMEM. Quand le Président m'a donné la parole, j'ai eu l'occasion d'expliquer que c'est le fait d'avoir été un mauvais élève qui m'avait conduit à devenir marin-pêcheur à l'âge de seize ans – je crois que je vous ai déjà raconté cette histoire l'année dernière. Les responsables du CNPMEM m'ont tout de suite repris en expliquant que, de nos jours, les choses étaient différentes. Ils avaient raison : la pêche est un métier difficile, mais qui s'apprend, et il faut saluer le rôle joué par les dix-sept lycées maritimes français, qui constituent l'équivalent d'un lycée ordinaire – ce qui montre bien le travail réalisé. Bref, c'est à nous qu'il appartient, au sein de chacune de nos circonscriptions, de faire en sorte que les enfants aient envie de se diriger vers les métiers de la mer.
Madame Nadia Essayan et Madame Sophie Panonacle, vous avez rappelé le rôle essentiel des bénévoles de la SNSM, qui sont plus de 8 400 et qui accomplissent effectivement un travail formidable. Ils sont de toutes les kermesses pour collecter des fonds, et surtout ils acceptent d'être appelés à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour effectuer des sorties en mer. Je précise que, dans 70 % des cas, ils sont malheureusement sollicités pour des motifs qui ne le justifient pas : telle personne a peur de rater son avion, telle autre est en panne d'essence… Dans ces conditions, sans doute faudrait-il faire payer le remorquage à son juste prix à ces personnes.