Sur les aspects de budget et sur le passage au PLFSS, je dirais de manière un peu générale, dans mon expérience, que les actions qui visent à éviter le fardeau des maladies et les missions de Santé publique France sont sur la prévention ou les actions de prévention, si elles sont efficaces. Nous sommes engagés pour que ces missions soient efficaces. Pour la prévention, ce sont toutes des actions qui visent à éviter le fardeau des maladies de demain. Il y a une certaine logique de lien avec le financement par l'assurance maladie.
Sur le financement ou l'évolution du financement dans cette trajectoire, à ma connaissance, Santé publique France a subi une diminution d'à peu près 20 % de ses effectifs, depuis 2010. Santé publique France a déjà largement participé à la réduction des déficits. Aujourd'hui, vous l'avez souligné de manière unanime, la priorité qui est donnée à la prévention dans ce pays, à laquelle nous ne pouvons qu'adhérer, fait que Santé publique France doit pouvoir compter sur des ressources qui sont stabilisées pour financer ces actions. En effet, il y a un besoin de moyens à la hauteur des ambitions que vous avez aussi soulignées, sur un certain nombre de sujets et sur l'importance de collecter des données, de concevoir des interventions. Santé publique France est un établissement qui est déjà extrêmement productif. Il sera difficile de gagner encore sur les organisations.
Dans mon rôle de directrice générale, vous pouvez compter sur moi pour défendre autant que faire se peut les ressources afin qu'elles soient en cohérence avec les missions. J'espère pouvoir compter sur vous aussi, qui êtes aussi impliqués dans les discussions et le vote sur l'ONDAM.
Sur l'obésité et la nutrition, vous avez souligné que l'une des études de Santé publique France, l'étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition (ESTEBAN) montre que 50 % des adultes en France sont en surpoids et 17 % présentent une obésité. Cela est assez considérable, avec en plus un fort gradient social de ces résultats.
Je voulais souligner aussi la campagne qui a commencé hier – il y a tout un ensemble, une stratégie globale avec le plan national nutrition et santé – qui consiste en des recommandations simples et réalistes, pas à pas, ce qui est un point extrêmement important dans des campagnes de marketing social, c'est-à-dire où l'on s'adapte à la culture pour mettre en oeuvre ou mobiliser des leviers efficaces pour la prévention.
Vous avez souligné l'importance du Nutri-Score. Il s'agit d'un dispositif de prévention et c'est un très grand succès. C'est aussi un succès de collaboration entre des opérateurs publics et privés. Nous voyons le résultat dans les magasins, quand nous allons faire nos courses : ce logo est affiché sur un certain nombre de produits et est donc visible. Ce partenariat publicprivé montre que nous pouvons trouver une orientation commune, toujours dans une action de prévention et de cohérence vers un but commun d'être favorable à la santé. S'agissant de son caractère obligatoire, j'ai l'impression que c'est au niveau européen que cela se joue et que la position de la France doit être défendue par le Premier ministre.
Sur les déchets toxiques et la très grande priorité que nous devons donner à ce sujet, il s'agit d'un point que je regarderai dès ma prise de fonctions, pour pouvoir répondre précisément.
Vous avez souligné l'importance de la priorité de la santé des jeunes. Quand j'ai évoqué par exemple le fait que l'évaluation du retour sur investissement était majeure en prévention, les données internationales montrent que toutes les interventions faites au plus jeune âge sont celles qui sont les plus efficaces et qui ont le plus grand retour sur investissement dans une population. Je me permets d'attirer votre attention sur une mesure d'information importante, qui s'appelle « Agir pour bébé », qui est maintenant sur le site de Santé publique France, avec l'idée de responsabiliser au plus tôt les enfants sur les mesures de prévention et la santé, mais surtout leurs parents et leur entourage.
Sur la grippe, vous avez souligné la mesure très importante intéressant les pharmaciens : dans le même ordre d'idée que pour les professionnels de santé, chaque fois que l'on facilite l'accès à la vaccination, c'est un succès et nous levons un certain nombre de réticences.
Sur la question de M. Thierry Michels, il se trouve que de manière très personnelle, c'est un sujet que je connais dans ma propre recherche. Sur cette question, Santé publique France a accès à de très nombreuses données et les utilise déjà très largement pour contribuer à la surveillance épidémiologique, et aussi à l'analyse et l'évaluation d'un certain nombre de campagnes. Jusqu'à présent, l'intelligence artificielle a été surtout orientée – en tout cas les travaux sont essentiellement orientés – vers la médecine personnalisée et les actions de diagnostic un peu plus en aval. Un département data a été créé au sein de Santé publique France. Il est absolument certain que nous devons aussi mobiliser la recherche et le lien avec la recherche par exemple, pour améliorer non pas seulement la médecine personnalisée, mais la prévention personnalisée grâce à ces techniques. Il y a énormément de potentiel, énormément de lien à faire avec la recherche.