La situation de l'emploi dans les territoires dits d'outre-mer relève du surréalisme. Dans nos territoires, parler d'emploi c'est d'abord parler d'inactivité. En effet, le taux élevé et quasi incompressible du chômage ronge le coeur d'un tissu économique composé à près de 90 % de petites entreprises. Confrontées à la raréfaction de l'emploi salarié depuis toujours, de nombreuses personnes sont contraintes soit de se résigner à l'exil, soit, en désespoir de cause, de créer leur entreprise. C'est donc un choix subi que celui du ralliement à un modèle à front renversé. Si l'emploi salarié est la règle en France hexagonale, aux Antilles, par exemple, c'est l'exception, une aubaine, presqu'autant qu'un gain au loto. Quand le taux de chômage dans l'Hexagone est de 8,4 %, je comprends que vous vous en félicitiez ; en Martinique, il culmine à 27 % et à 100 % pour les 15-25 ans, malgré la saignée démographique – moins 10 % de la population – affectant principalement les jeunes diplômés. Contrairement à ce qui se passe en métropole, ce sont eux, en effet, qui ont le plus de mal à trouver un emploi.
Les politiques publiques menées jusqu'ici sont donc inadaptées. Il serait temps, vraiment, de changer de braquet et de proposer des solutions adaptées à la réalité de nos territoires.