Nous partageons tous le sentiment de l'urgence écologique et climatique, dont nous avons déjà pris acte à l'occasion de la loi relative à l'énergie et au climat. Cette transition est, en fait, une transition globale : transition de nos modes de production, de consommation et de vie, transition agricole et urbaine. Face à cet enjeu, c'est le Gouvernement tout entier qui est mobilisé. Il s'agit, bien sûr, des crédits du ministère de la transition écologique et solidaire, que nous examinons aujourd'hui, mais aussi, au-delà, de la totalité de l'action du Gouvernement – je pense ainsi à l'action du ministre de l'agriculture ou à celle du ministre de l'économie et des finances, par le biais du pacte productif. Tel est, du reste, le sens du travail que nous avons engagé à propos du « green budgeting » et qui nous permet d'avoir une vision globale de notre investissement en matière de transition écologique et solidaire.
Si l'on se place dans le cadre de la norme de dépenses pilotables, qui exclut les dépenses relatives aux dettes et aux pensions, et qui mesure donc l'effort budgétaire réel en faveur d'actions concrètes, les moyens financiers du ministère de la transition écologique et solidaire pour l'année 2020 s'élèvent à 32,226 milliards d'euros : ils sont donc bien en augmentation de 832 millions d'euros par rapport à 2019, soit environ 2,6 %, sans effet de périmètre, car cette augmentation est calculée à périmètre retraité en tenant compte des modifications opérées entre les lignes, les programmes et les comptes d'affectation spéciale. Ce budget s'inscrit ainsi dans la priorité donnée par le Président de la République à la transition écologique.
Les effectifs du pôle ministériel, à propos desquels vous m'avez sollicitée, s'élèveront, en 2020, à 27 851 agents, 23 761 chez les opérateurs et 10 544 dans le budget annexe correspondant à l'aviation civile. Les politiques publiques sont donc portées à la fois par des efforts budgétaires très importants et par de nombreux agents. Ces effectifs sont toutefois en diminution de 597 agents pour le pôle ministériel et de 276 pour les opérateurs, soit une diminution de 1,4 %, chiffre bien différent de ceux qui ont été cités dans la discussion et légèrement inférieur à la norme de l'État.
J'évoquerai maintenant nos différentes priorités par domaine, en commençant par l'eau et la biodiversité, qui réunissent 2,572 milliards d'euros de crédits. Les agences de l'eau ont démarré en 2019 leur onzième programme. Leurs priorités portent sur l'adaptation au changement climatique et, à la suite des assises de l'eau, aux grands enjeux du partage de l'eau, de la protection de notre ressource en eau et des économies d'eau.
Nous créons également, au 1er janvier 2020, l'Office français de la biodiversité, par fusion de l'Agence française de la biodiversité et de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, pour simplifier notre organisation et nous permettre d'être plus offensifs en matière de préservation de la biodiversité. Ce nouvel établissement public est financé avec une augmentation de 40 millions d'euros au programme 113, comme l'a signalé M. Adrien Morenas, et connaîtra un gel complet de son schéma d'emplois : pas de suppression d'emplois, donc, à l'intérieur de ce nouvel opérateur.
Nous créerons également, en 2020, le onzième parc national, le Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne. M. Jean-François Mbaye a rappelé l'enjeu important que représentent les forêts au plan national et international. Grâce à la diversité des outils de classement et de protection, les aires protégées couvrent aujourd'hui environ 29,5 % des terres et 22 % des eaux françaises. En 2020, nous produirons une stratégie visant à nous permettre de développer nos aires protégées, tant terrestres que maritimes.
Nous développerons aussi le plan biodiversité lancé en juillet 2018 et accueillerons en juin à Marseille le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature – UICN – , qui traduira, avant la COP 15 – la quinzième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique – qui doit se tenir en Chine, le positionnement moteur de la France à l'international dans ce domaine.
En matière d'énergie et de climat, nous mobilisons plus de 12 milliards d'euros en 2020. Nous poursuivons le soutien aux énergies renouvelables, qui est notre premier poste de dépenses, avec 5,4 milliards d'euros. Avec la programmation pluriannuelle de l'énergie, nous confirmons notre ambition de réduction de la consommation finale d'énergie et le développement des énergies renouvelables, avec des objectifs chiffrés. Depuis 2017, près de 3 000 projets ont été sélectionnés dans le cadre d'appels d'offres pour le solaire, l'éolien terrestre, la biomasse, l'hydroélectricité et le Fonds chaleur. Ces dispositifs d'aides ont permis la progression constante de la part des énergies renouvelables au sein du mix énergétique et ces projets représentent notamment une capacité de 5 gigawatts pour le photovoltaïque et 1 gigawatt pour l'éolien. La part d'énergie renouvelable dans le mix électrique de la France est ainsi passée de 19,6 % à 22,7 % entre 2016 et 2018.
L'ADEME, de son côté, sera dotée de près de 600 millions d'euros de crédits, qui s'inscrivent dans des stratégies développées avec les collectivités. Avec ces moyens, l'agence pourra poursuivre ses appels à projet pour la transition énergétique et développera en particulier le Fonds chaleur et poursuivra les appels à projet dans le domaine de l'hydrogène. Nous pourrons y revenir plus précisément dans la discussion afin d'éclairer la représentation nationale.
Cependant, la transition énergétique consiste aussi à aider nos concitoyens à franchir le pas d'un mode de vie plus écologique et plus économique. Le dispositif du chèque énergie, cité par plusieurs orateurs, fonctionne bien. Bénéficiant à plus de 5,8 millions de ménages, il voit son taux d'utilisation progresser : de 78 % environ en 2018, ce taux devrait dépasser 80 % en 2019.
Quant à la question des EHPAD, elle est importante et nous pourrons la traiter, notamment, en liaison avec le ministère de la santé dans un texte qui pourra être proposé par Agnès Buzyn.
Au début de son mandat, le Président de la République s'était engagé, à retirer de la circulation 500 000 véhicules polluants grâce à la prime à la conversion. Cet objectif est déjà rempli, et même dépassé, avec près de 690 000 dossiers prévus d'ici à la fin 2019. Nous prorogerons néanmoins cette mesure en 2020, où 405 millions d'euros y seront consacrés, à quoi s'ajouteront 395 millions d'euros pour le bonus des véhicules électriques. Notre objectif est désormais de retirer de la circulation 1 million de véhicules polluants au cours du quinquennat.
D'autre part, la discussion parlementaire a permis d'améliorer le CITE en intégrant certains gestes aux déciles 9 et 10 et en l'ouvrant aux travaux de rénovation globale. Le nouveau dispositif n'est pas plus compliqué : grâce à un simulateur en ligne, il sera possible, après avoir précisé le type de travaux souhaité et le montant de ses revenus, de connaître immédiatement le montant de l'aide qui pourra être versée – et ce dès la fin des travaux, ce qui marque un progrès considérable par rapport au CITE, versé un an et demi plus tard.