Dans chacune de nos villes, les bâtiments les moins bien entretenus sont les sous-préfectures, les préfectures, les tribunaux, tout ce qui représente l'État, et, bien entendu, les logements des gendarmes qui sont dans un état pitoyable. Il n'y a pas si longtemps, en montagne, dans une sous-préfecture, la gendarmerie avait encore des parquets en bois datant du siècle dernier et un système de chauffage très ancien.
Je partage aussi votre point de vue au sujet du SID. Il faut partiellement l'externaliser ou le rénover de fond en comble car il est dans une situation de quasi-somnolence. Ils n'arrivent pas à s'en sortir. Tous les chantiers qui ne touchent pas au « confidentiel défense » peuvent parfaitement être gérés par des sociétés civiles.
Notre collègue Dupont-Aignan souligne l'importance de l'autonomie opérationnelle de notre armée et je partage ce point de vue. Ce qui se passe en Syrie est inquiétant et nous n'avons pas l'autonomie nécessaire pour gérer seuls ce type de conflit. Le Président de la République a pris une position qui me paraît aller dans le sens de ce que vous dites et de ce que je dis. La solution n'est sûrement pas de sortir du commandement intégré où nous sommes retournés. Je ne me sentais pas plus mal avant mais je ne me sens pas moins bien aujourd'hui. Je pense qu'il faut davantage peser à l'intérieur de l'OTAN et que nous avons encore des marges de progrès à réaliser.
Monsieur Bouchet, il faut savoir que notre pays, contrairement à presque tous les autres pays européens, continue à attirer, à un rythme variable en fonction des périodes de tension intérieures ou extérieures, des hommes et des femmes vers le métier des armes, en assez grand nombre pour une période de cinq ans. Cela n'est pas plus mal, car nous avons besoin de jeunes, même si le point d'équilibre au regard de l'investissement est plutôt à sept ou huit ans de service. L'armée est le plus gros employeur du pays, avec chaque année 27 000 jeunes engagés pour l'ensemble des armées. Je n'ai pas dit que ces jeunes étaient des « civils en uniforme ». Certes, au moment de leur engagement, ils ne connaissent pas l'armée, ils deviennent militaires après un temps de formation. Mais j'ai dit que la société avait tendance à gommer ce qui fait la singularité du métier de militaire. Ces 27 000 jeunes engagés chaque année sont plutôt de bonne qualité, de bon niveau, alors que nos voisins espagnols peinent à remplir leurs quotas, avec, en permanence, 6 à 8 % des effectifs à couvrir.
Enfin je pense que la Turquie bafoue les règles de l'Alliance en attaquant les Kurdes qui étaient nos alliés et qui ont combattu à nos côtés l'affreuse hydre de Daech. La Turquie menace l'équilibre de la région tout entière. Ce pays qui existe depuis environ cent ans continue à porter le rêve impérialiste ottoman. Cet impérialisme est insupportable. Il y a très peu de temps encore, presque un tiers de la population était composé de chrétiens et il n'en reste plus. Après le massacre des Arméniens, il y a eu celui des assyro-chaldéens, des Grecs, etc. La position actuelle de la Turquie est insoutenable. Elle mérite, Madame la présidente, que nous ayons un vrai débat.