Madame la présidente, je partage l'intégralité de vos propos, même si ma présentation ne reprendra pas les quatre points que vous venez d'évoquer. D'évidence, sur les questions d'asile et d'immigration, il est urgent de changer de paradigme. Il y va de l'unité nationale et de la paix sociale.
La France est aujourd'hui confrontée à un véritable défi migratoire, et ce ne sont pas des successions de discours qui nous permettront d'y faire face. Je rappellerai que dans les années 1960, le grand démographe Alfred Sauvy avertissait déjà que le phénomène de l'immigration de masse extracommunautaire aurait des conséquences civilisationnelles, sociales, économiques et sécuritaires majeures et probablement hautement sismiques si des mesures de sélection et de contrôle n'étaient pas prises.
Jusqu'à présent, le chef de l'État expliquait qu'il n'y avait pas de crise migratoire. Il s'est même prononcé en faveur de l'élargissement de l'Union européenne aux Balkans et de l'ouverture de l'espace Schengen à la Roumanie. Je constate aujourd'hui qu'il change de discours. Il a même déclaré en septembre que « la France ne peut pas accueillir tout le monde ».
Je citerai quelqu'un que l'on ne cite pas souvent mais dont certains d'entre nous se souviennent. En 1980, Georges Marchais disait : « Il faut stopper l'immigration officielle et clandestine. Il est inadmissible de laisser entrer de nouveaux travailleurs immigrés en France, alors que notre pays compte près de deux millions de chômeurs, français et immigrés. Nous posons le problème de l'immigration. »
Nous le savons, le problème n'est pas derrière nous, car la pression migratoire aux frontières de l'Europe ne devrait cesser de croître au cours des prochaines années. Nous ne pouvons augmenter le budget Immigration à l'infini. Cela ne changera que si nous conduisons une nouvelle politique migratoire. La commission des affaires étrangères s'est donc saisie pour avis afin de se prononcer sur les crédits de la mission Immigration, asile et intégration du projet de loi de finances pour 2020.
Cette mission est articulée autour de trois grands axes d'action : la maîtrise des flux migratoires ; l'intégration des personnes immigrantes en situation régulière et la garantie du droit d'asile.
Comme l'an passé, le budget de la mission est en augmentation. Les crédits de la mission inscrits au projet de loi de finances pour 2020 sont en hausse de 4,47 % pour les autorisations d'engagement et de 7,68 % en crédits de paiement, par rapport à la loi de finances initiale de 2019. Cette hausse s'explique notamment par la nécessité de renforcer les capacités d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile dont l'afflux continu et important en direction de la France ne peut que nous inquiéter.
Fort de ses mots, le Gouvernement a, jusqu'à présent, été assez faible dans les actes pour juguler l'immigration de masse. Nous en voulons pour preuve une baisse des crédits consacrés à la lutte contre l'immigration irrégulière de 26,39 % en autorisations d'engagement et de presque 10 % en crédits de paiement, ce qui ne manque pas de m'interpeller fortement au regard des défis auxquels notre pays est confronté en la matière. En fait, les crédits de la mission augmentent, mais les crédits de lutte contre l'immigration irrégulière baissent de 10 %, au moment même où nous aurions dû faire porter là nos efforts.