Je trouve le rapport de Mme Boyer techniquement intéressant, en particulier le volet dans lequel elle dénonce les insuffisances du contrôle administratif, statistique, comptable et financier. Nous n'avons pas les outils juridiques, statistiques, intellectuels qui nous permettraient de proposer une politique pleinement satisfaisante. Mais au-delà, je suis profondément choqué par le ton de son rapport et de certaines interventions.
On ne peut pas aborder la question de l'immigration avec ce ton méprisant à l'égard du sort de personnes de courage, de souffrance, qu'on traite comme des imposteurs ou des profiteurs, des victimes qu'on traite en coupables, des pauvres hères qui cherchent souvent à sauvegarder leur vie et qu'on traite comme des délinquants. Où est le Bon Samaritain ? On ne doit pas adopter ce ton, notamment dans cette commission tournée vers l'étranger, vers les relations internationales. On ne peut pas parler de millions de gens qui sont dans cette situation avec ce ton condescendant et arrogant !
Compte tenu des problèmes que nous nous posons, le point de vue du rapport est trop étroit. L'approche du rapport de notre présidente était beaucoup plus large. Les problèmes sont d'ordre géopolitique. La question des migrations se pose totalement différemment d'il y a quarante ans. Il faut prendre cette affaire en main, à bras-le-corps avec d'autres pays, avec les Européens, avec le reste du monde et ne pas s'enfermer dans une vision comptable étriquée. Vous avez raison, nous avons besoin de statistiques et d'outils de connaissance meilleurs mais, que diable, abordons cette affaire avec générosité, avec intelligence et avec le souci de l'ouverture et de la prospective sur le monde de demain !