Le groupe socialiste et apparentés, constate une nouvelle fois avec déception que les crédits alloués à la mission Médias, livre et industries culturelles et au compte de concours financiers Avances à l'audiovisuel public du projet de loi de finances pour 2020 sont loin de l'ambition que l'on serait en droit d'attendre face aux enjeux que devront affronter ces secteurs dans l'année à venir. En particulier, on ne peut que déplorer le manque de réponse apportée sur fond de restrictions budgétaires aux inquiétudes grandissantes du monde audiovisuel dans le cadre de la future réforme.
Une ambition aussi forte affichée par le Gouvernement, assortie d'un budget manifestement sous-dimensionné, ne peut que nous interroger. Nous aurons l'occasion d'y revenir en séance.
Quelques mots à propos de la mission Médias, livre et industries culturelles dont les programmes et les actions font, comme vous le soulignez pudiquement, madame la rapporteure, l'objet d'évolutions contrastées – c'est peu de le dire ! En effet, l'action Relations financières avec l'AFP du programme 180, Presse et médias, – seule action à présenter une augmentation de l'ordre de 4,5 % – capte, à elle seule, l'essentiel des crédits du programme. Aussi importante que soit la nécessité d'armer l'AFP face aux mutations de son secteur, nous regrettons que cette transformation se fasse au détriment de toutes les autres actions.
L'aide à la presse, parent pauvre du programme avec des crédits en baisse de 1,47 %, alors même qu'il s'agit d'un secteur dont l'écosystème est en crise, nécessite pourtant plus que jamais un soutien actif permanent de la part des pouvoirs publics afin de préserver le pluralisme de la presse et de l'information. De même, en décidant de diminuer les crédits de l'aide au portage de la presse, au motif d'une baisse relative des volumes portés, le Gouvernement prend le risque d'affaiblir davantage ce secteur. Pourtant, dans un contexte de baisse des ventes des titres de presse, la part du portage dans la distribution des quotidiens est passée de 42 % en 2011 à 47,5 % en 2017.
Enfin, les crédits nouveaux alloués à la toute nouvelle maison commune des acteurs de la filière musicale, le Centre national de la musique, sont loin de l'annonce initiale, comme cela a été rappelé lors de la commission mixte paritaire conclusive sur la proposition de loi relative à sa création. Alors que le rapport de la mission de préfiguration remis au Premier ministre en novembre 2018 préconisait un financement public supplémentaire de 20 millions d'euros, ce ne sont finalement que 7,5 millions qui abonderont l'enveloppe préexistante, constituée des fonds des structures qui composent aujourd'hui le CNM, bien loin de pouvoir assurer le caractère pleinement opérationnel du Centre et de rassurer ainsi les professionnels de la musique.
Je terminerai par le compte de concours financiers Avances à l'audiovisuel public. Pour la troisième année consécutive de ce quinquennat, l'audiovisuel public voit ses crédits fortement impactés.
Ce budget marqué par une baisse deux fois plus importante que celle enregistrée en 2019 traduit finalement les choix de la politique culturelle de l'exécutif. Une vision à court terme, davantage obnubilée par le souci d'économie que par celle d'une offre programmatique de qualité. En effet, si la cure d'austérité budgétaire touche l'ensemble du secteur de l'audiovisuel public, c'est bien France Télévisions qui doit supporter la quasi-intégralité des coupes budgétaires prévues dans ce projet de loi de finances : 61 millions d'euros sur 70,5 millions d'euros au total. Ces coupes drastiques s'inscrivent dans une logique voulue par le Gouvernement dans sa volonté de supprimer France 4 et France Ô, écartant de fait le public jeune et le public ultramarin des programmes de France Télévisions.
En pratiquant ces coupes budgétaires que rien ne justifie au regard des audiences des divers opérateurs publics, le Gouvernement sacrifie ce secteur sur l'autel de l'austérité et entérine la dégradation des conditions de travail des personnels. De plus, loin d'être en mesure de proposer à nos concitoyens l'offre de qualité qu'ils sont en droit d'attendre, les entreprises publiques sont fragilisées par le manque de moyens pour lutter contre leurs homologues privés et ainsi devenir des acteurs majeurs du numérique et de la qualité des programmes.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, notre groupe regrette fortement le manque de courage et d'ambition de ce PLF.