Mon collègue Larive vient d'en parler, le Président a qualifié de « honte de la République » le secteur de l'audiovisuel public : on voit à quel point ce secteur est attaqué de manière incessante depuis le début du quinquennat. Le budget en est témoin puisque la dotation en faveur de l'ensemble des groupes de l'audiovisuel public continuera de diminuer de 70 millions cette année, soit une baisse deux fois plus importante que celle enregistrée au titre de 2019.
Ces coupes budgétaires résultent de la trajectoire arbitrée dès l'été 2018 et les groupes publics, dans le cadre de Cap 2022, devront continuer de faire des économies à hauteur de 190 millions d'euros à l'horizon 2022.
Nous dénonçons la forme et le fond du présent budget qui est à des années-lumières de la défense d'un service public de l'audiovisuel émancipateur et créateur, cher aux salariés du secteur, mais aussi extrêmement important dans une société qui voit les périls monter à vue d'oeil.
Nous estimons que ce service public est très peu considéré par votre Gouvernement. Ce projet de budget, nous le savons, sera, comme les années précédentes, à l'origine de plans sociaux. Dans le détail, France Télévisions devra poursuivre la cure avec une nouvelle coupe budgétaire de 62 millions d'euros. C'est un effort important, après un recul d'environ 25 millions dans le PLF 2019. Cette coupe changera, sans aucun doute, les pratiques, les métiers, les usages des salariés. Ils savent d'ores et déjà ce que cela signifie : empilement de tâches nouvelles, dégradation des conditions de travail, chasse aux ETP et non-remplacement des départs. Or, produire de l'information, c'est un métier et les missions du service public de l'audiovisuel ne sont pas les mêmes que celles des chaînes privées.
Radio France, quant à elle, va devoir renoncer à 5 millions d'euros pour 2020. Elle a précisé les objectifs de son plan d'économies ; entre 270 et 390 postes pourraient disparaître. Eu égard au poids représenté par les ressources humaines dans les charges de l'entreprise, la masse salariale sera directement impactée. Cette coupe budgétaire intervient alors même que les salariés sont bloqués depuis sept ans, que les burn-out et les arrêts maladie sont en recrudescence.
De la bouche de l'ensemble des syndicats de Radio France, aucune concertation n'a eu lieu pour la production de ce pacte social. Pire encore, la PDG de Radio France appelle à renégocier les congés pour limiter l'ampleur du plan social, réalisant par là même un chantage aux congés. Nous avions déjà eu l'occasion de le constater dans le secteur industriel privé, rarement dans le service public de l'audiovisuel et ce n'est pas une innovation que l'on avait envie de voir ! Pour atteindre son but à l'horizon 2022, l'horizon qu'elle s'est fixé, la direction envisage notamment d'alléger la masse salariale à hauteur de 25 millions d'euros.
Le secteur public va donc subir une vaste refonte avec la création en 2021 d'une holding rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'INA. Parler d'une holding pour multiplier les synergies, est-ce sous-entendre que cette fusion s'assimilera davantage à une machine à faire des économies et à supprimer davantage de postes ? L'inconnue demeure également quant au mode de nomination des dirigeants. Existe-t-il une volonté de reprise en main politique ? Peut-être allez-vous pouvoir nous le dire, monsieur le ministre.
Enfin, j'ai appris que le ministère de la Jeunesse et des Sports avait décidé d'arrêter de financer la Fédération française d'école du cirque. Il s'agit d'un accord ancien entre le ministère de la Culture et le ministère des Sports. J'aimerais savoir si cet accord passera au stade de relique ou si vous souhaitez vous engager à le poursuivre.