Par nature, l'intervention de l'État a vocation à s'adresser à tous et toutes sans distinction. Mais le rôle de l'État est aussi de réduire les inégalités – envers les territoires que l'on dit carencés, mais aussi et surtout envers les publics désavantagés.
Je pense que les femmes sont un public à privilégier. Le monde du sport est marqué par un retard considérable dans ce domaine. Notre action est insuffisante à mes yeux. Et j'en suis d'autant plus concernée que j'ai été sportive de haut niveau et responsable associative oeuvrant dans un domaine particulièrement féminin. Le fait que les femmes puissent pratiquer un sport est pour moi un enjeu majeur, pour leur épanouissement, leur santé, leur confiance en elles et leur émancipation. Pour accompagner ce mouvement de féminisation de la pratique sportive, il nous faut plus de femmes dirigeantes à la tête des associations, des organes déconcentrés des fédérations et des fédérations elles-mêmes. Je vous rappelle que nous ne comptons aujourd'hui qu'une seule femme présidente sur les 70 fédérations existantes.
Le ministère des Sports a engagé des plans de féminisation qui ne suffisent pas aujourd'hui. Il faut que la loi « sport et société » de 2020 renforce l'obligation de féminiser les instances. Je suis heureuse que l'ANS, qui a vu le jour cette année, montre l'exemple en la matière. Elle comporte en effet un conseil d'administration (CA) paritaire.
Nous devons réfléchir à cette thématique au niveau des équipements, du développement des pratiques comme des projets sportifs de territoire (PST) et des PSF que nous soutiendrons.
Je pense également que cela passe par un soutien à la vitrine du sport féminin. Des chaînes de télévision qui diffusent du sport féminin se désengagent actuellement de la diffusion des grands matches. Je suis heureuse de vous annoncer que le CNOSF et l'ANS ont décidé de soutenir le coût de production des matches du Championnat de handball féminin ainsi que des matches du Championnat de volley féminin, pour pouvoir les diffuser sur la chaîne Sport en France et pour qu'ils soient repris gratuitement par d'autres chaînes à plus grande visibilité. Une partie des financements générés par cette diffusion, venus des annonceurs TV ou des annonceurs des clubs, sera fléchée vers un fonds de dotation pour le sport féminin que j'ai créé au sein de l'ANS.