Cette politique va donc aggraver la crise de l'accueil. Vous menez sciemment, obstinément, dogmatiquement une politique d'organisation de la pénurie, dans l'idée insensée que, en faisant de la vie de ces personnes un enfer ici, vous les dissuaderez, elles et d'autres, de fuir l'enfer dans lequel elles sont plongées là-bas. Résultat : vous ne parvenez qu'à piétiner nos valeurs, à mépriser les droits humains et à faire de notre pays une honte internationale, sans dissuader une invasion qui n'existe pas. Je voudrais illustrer mon propos par quelques exemples de cette politique de pénurie organisée.
Tout d'abord, la pénurie de l'hébergement est une réalité violente dans ma circonscription située entre les XVIIIe et XIXe arrondissements de Paris. En octobre 2019, Pierre Henry, directeur de l'association France terre d'asile, estimait à 3 000 le nombre de primo-migrants et migrantes vivant à la rue entre les portes de la Chapelle, de la Villette et d'Aubervilliers et l'avenue Wilson. Voici comment sont décrites leurs conditions de survie : « Outre la pluie, les rats, qui l'empêchent de dormir, Mohammed, 20 ans, Afghan, décrit un quotidien fait "de violences, de bagarres", aux côtés de "gens qui fument beaucoup, qui prennent de la drogue". Depuis un mois, il sollicite tous les jours un rendez-vous pour déposer sa demande d'asile. "J'appelle deux à trois heures, chaque jour", raconte le jeune homme : "Je me sens très mal, c'est très difficile, j'aimerais aller à l'école et apprendre le français, avoir une maison pour moi. " » De fait, ce sont les habitants et les associations qui tentent d'assurer les missions que l'État n'assume pas : un exemple des "coûts évités" dont se félicite le Gouvernement en la personne de Gabriel Attal.