Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du jeudi 7 novembre 2019 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Santé ; solidarité insertion et égalité des chances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

Avec le vieillissement de la population, la désertification médicale et la volonté d'opérer un virage vers la médecine ambulatoire, les infirmiers et infirmières libéraux sont désormais en première ligne face aux enjeux actuels de la santé. Ils participent au désengorgement des services d'urgence et apparaissent bien souvent comme les derniers acteurs de santé présents au coeur des déserts médicaux.

Ces 120 000 professionnels figurent pourtant parmi les laissés-pour-compte de la politique de santé du Gouvernement. En effet, le décret d'actes et d'exercice n'a pas été revalorisé depuis 2002. Une injection est rémunérée 7 euros et un pansement 8,80 euros, tandis que certains actes courants ne sont même pas recensés par la nomenclature. Quant aux indemnités forfaitaires de déplacement, elles n'ont été revalorisées que de 50 centimes en quinze ans alors que le prix des carburants ne cesse de flamber. Depuis l'avenant 6 à la convention nationale des infirmiers, signé le 29 mars dernier, ces indemnités kilométriques sont désormais plafonnées.

Imposé sans aucune concertation et en ignorant les sonnettes d'alarme tirées à de nombreuses reprises par les représentants de la profession, le plan « ma santé 2022 » contribuera à aggraver une situation pourtant déjà jugée préoccupante. Les infirmiers libéraux se retrouvent désormais en concurrence avec d'autres professionnels de santé, qu'ils soient pharmaciens, aides soignants, ou encore assistants médicaux. La création du statut d'infirmier en pratique avancée a suscité l'espoir d'une meilleure reconnaissance de la profession, mais la déception des premiers diplômés a été à la hauteur des attentes suscitées. Après avoir exercé au minimum trois ans, puis avoir suivi un enseignement universitaire complémentaire de deux ans, le salaire proposé est à peine supérieur au premier échelon du statut d'infirmier.

Ultime coup porté aux infirmières libérales : la future réforme des retraites. Leurs revenus baisseront mécaniquement de 10 % et rien n'est prévu en compensation. La suppression de la caisse de retraite autonome engendrera également la spoliation de ses réserves, estimées à 3 milliards d'euros. Le PLF pour 2020 apparaît bien éloigné des attentes des infirmiers libéraux et face à l'urgence de cette situation, nous vous demandons quelles mesures concrètes vous envisagez afin de garantir l'attractivité de cette profession, si indispensable à notre système de santé.

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