Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 7 novembre 2019 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission santé (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

« Il faut se concentrer sur les projets qui ont un fort potentiel commercial » : ces mots sont de John Reed, le nouveau patron de la recherche de Sanofi, ce que Les Échos ont traduit par ce titre : « Sanofi veut discipliner le travail de ses chercheurs. » « Discipliner » signifie ici miser sur les blockbusters quitte à laisser tomber des maladies très graves. C'est cette stratégie qui a présidé au lancement du sofosbuvir contre l'hépatite C, vendu 29 000 euros les douze semaines de traitement, alors que, selon une étude de l'université de Liverpool, son coût de production est de 75 euros pour trois mois. Un médicament contre le cancer de la peau lancé en 2016 coûte 19 000 euros par mois, le Kadcyla contre le cancer du sein 6 000 euros par mois.

Le record a été atteint dernièrement par Novartis lorsqu'il a mis sur le marché la thérapie génique Zolgensma au prix de 1,9 million d'euros la dose unique. Telle est la stratégie vers laquelle s'oriente l'industrie pharmaceutique !

Il est nécessaire d'obtenir une transparence sur cette stratégie dont dépendent de grands enjeux de santé. À titre d'exemple, l'Organisation mondiale de la santé – OMS – réclame depuis des années le lancement d'importants programmes de recherche consacrés aux nouveaux traitements anti-infectieux. Les industries pharmaceutiques, celles-là mêmes qui distribuent des milliards de dividendes à leurs actionnaires, répondent qu'elles ne peuvent pas mener ces programmes pour des raisons budgétaires !

Une fois encore, il nous faut une vision de la stratégie de cette industrie – et, si les groupes pharmaceutiques ne la divulguent pas, nous devrons le faire à leur place ! Nous avons également besoin d'une vision en matière de transparence des prix. La France s'est d'ailleurs associée aux réclamations que l'OMS a faites en ce sens cette année.

En résumé, nous devons engager un véritable programme de transparence de l'industrie pharmaceutique.

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