Madame la ministre, vous nous dites que l'eau relève de la compétence des collectivités mais que vous avez signé des conventions avec plusieurs d'entre elles sur ce sujet. Je peux témoigner d'une situation que je connais bien, celle de Mayotte. Un plan urgence eau y a bien été adopté lors du quinquennat précédent par une majorité à laquelle vous avez appartenu. Il fut suivi d'un second plan que vous avez vous-même signé.
Le plan urgence eau prévoyait des investissements pour Mayotte, dont la construction d'une usine de dessalement. L'État a décidé d'autorité d'imposer au syndicat des eaux l'organisme avec lequel il devrait accorder une délégation de maîtrise d'ouvrage. Il lui a même demandé de signer rapidement le contrat, sans appel d'offres, au prétexte de l'urgence. De la même façon, on a imposé au syndicat des eaux que la subvention versée par le fonds européen, plutôt que de passer par son budget, soit directement versée au maître d'ouvrage délégué.
L'usine de dessalement était censée produire 5 300 mètres cubes d'eau par jour et les travaux auraient dû être réceptionnés il y a un an et demi. L'opération a été conduite de bout en bout par l'État. Or aujourd'hui, alors que les fonds ont été versés, et après que l'opérateur a été imposé au syndicat, pas une seule goutte d'eau ne coule. Les Mahorais vont mourir de soif si, comme l'annoncent les prévisions, il ne pleut pas. Pourtant, l'argent a bien été versé. C'est un véritable scandale ! Je ne sais pas à qui profite cette situation mais, quoi qu'il en soit, les Mahorais vont se trouver assoiffés car l'État aura manqué à son devoir.